Condamnation Les 15 insurgés d'Andijan ont été condamnés à des peines de 14 à 20 ans de prison La Cour suprême ouzbèke a condamné, lundi 14 novembre, à des peines allant de 14 à 20 ans de réclusion, les quinze meneurs présumés du soulèvement réprimé dans le sang en mai à Andijan, dans l'est du pays. Cinq accusés ont été condamnés à 20 ans de prison, un à 18 ans, trois à 17 ans, deux à 16 ans et quatre à 14 ans. Les sentences prononcées par le président du tribunal, Bakhtior Jamolov, sont proches de celles réclamées par le procureur fin octobre et qui avait requis des peines allant de 15 à 20 ans de prison contre les prévenus, qui étaient notamment accusés de terrorisme, de meurtre et de prise d'otages. La Cour a estimé que les accusés avaient cherché à "renverser le système constitutionnel ouzbek pour mettre en place un Etat islamiste" et ont commis dans ce cadre "des crimes graves". Dans son jugement, la Cour a mené un réquisitoire contre les journalistes occidentaux, notamment ceux de CNN et de l'agence AP, accusés de mener un complot médiatique contre l'Ouzbékistan. Les quinze accusés, jugés depuis la fin septembre, avaient, dès le premier jour du procès, reconnu leur pleine culpabilité et présenté leurs excuses au président ouzbek, Islam Karimov. PARODIE DE JUSTICE Les observateurs, dont l'ONG de défense des droits de l'homme américaine Human Rights Watch, dénoncent une parodie de justice et l'usage de la torture pour extorquer des aveux aux accusés. Dans la nuit du 12 au 13 mai, un groupe armé avait pris d'assaut une prison d'Andijan pour libérer 23 hommes d'affaires détenus pour islamisme. L'armée ouzbèke avait alors réprimé l'insurrection et, selon de nombreux témoins et journalistes, ouvert le feu sur des manifestants pacifiques. Ceux-ci soutenaient les insurgés mais demandaient aussi plus de démocratie et de justice. Les ONG estiment que des centaines de personnes ont trouvé la mort au cours de la répression, mais Tachkent ne reconnaît que 187 victimes et a refusé une enquête internationale indépendante. Face à l'intransigeance du pouvoir ouzbek, l'Union européenne a décrété un embargo sur les armes et pourrait prendre d'autres mesures. Egalement en froid avec les Etats-Unis, l'Ouzbékistan se rapproche de la Russie, qui soutient sa version officielle des événements d'Andijan. Le président Karimov était, lundi, à Moscou pour signer un accord d'alliance stratégique avec son homologue, Vladimir Poutine.