Mort de Léopold Simoneau
Mort Léopold Simoneau, chanteur canadienLe chanteur canadien Léopold Simoneau est mort, jeudi 24 août, à Victoria, en Colombie-Britannique, dans l'ouest du Canada. Il était âgé de 90 ans.Le ténor, qui, à la scène, avait abordé de nombreux emplois dans les répertoires français et italiens, pour l'essentiel, était surtout connu pour ses rôles mozartiens. Le monde lyrique de l'après-guerre aura rarement connu incarnations plus élégantes, plus racées, plus raffinées dans l'expression, la diction, la courbe du phrasé.Né à Saint-Flavien, le 3 mai 1916, Simoneau commence ses études de chant à Québec, en 1939, et les poursuit, à Montréal, de 1941 à 1944. Il y rencontre alors la soprano Pierrette Alarie (née en 1922), qui allait devenir sa femme, en 1946, et sa partenaire régulière à la scène et au disque.Simoneau débute au Théâtre des Variétés lyriques de Montréal, en 1941, dans le rôle de Hadji, dans Lakmé. Dans la même troupe, il abordera vite ses premiers grands rôles, dans Mignon, La Fille du régiment, Mireille, La Traviata et Le Barbier de Séville, en général avec Pierrette Alarie comme partenaire.Puis Léopold Simoneau s'exile et se fixe en France. En 1949, il se produit pour la première fois au sein de la troupe de l'Opéra-Comique, à Paris, dans Mireille, de Gounod. Jusqu'en 1953, il y chantera les rôles principaux de ténor léger. Dès 1950, Simoneau est aussi l'un des héros des premières années du Festival d'Aix-en-Provence, où, avec Luigi Alva et le jeune Nikolaï Gedda, il partage les rôles de ténor mozartien qu'il incarne avec une grâce dépourvue de mièvrerie. A la même époque, il débute au Festival de Glyndebourne puis à la Scala de Milan, sous la direction d'Herbert von Karajan. Sa carrière le mènera dans les plus grands théâtres et festivals du monde.Simoneau gravera ses rôles mozartiens de prédilection dans des versions discographiques promises à la légende. Il est, notamment, le Ferrando du Cosi fan tutte d'Herbert von Karajan (EMI), au côté d'Elisabeth Schwarzkopf, et Tamino dans La Flûte enchantée de Karl Boehm (Decca).L'ART DU BEAU CHANTAlors que beaucoup de ses enregistrements étaient depuis longtemps indisponibles, en dépit de quelques disques pirates qui tentaient de pallier les manquements des grandes maisons, Deutsche Grammophon a publié en 2004 un coffret de sept disques compacts en hommage à ce grand artiste et à son épouse.L'une de ses plus belles gravures, consacrée aux mélodies d'Henri Duparc, y est heureusement incluse. Elle fixe l'idéal équilibre entre une diction parfaitement intelligible et une voix pleine et franche : rarement incarnés par des ténors, ces hauts exemples du répertoire de la mélodie française n'auront peut-être jamais connu d'enregistrement aussi juste de ton que de son.On rêve que soit un jour révélé sur disque le récital que Simoneau donnait en 1962, au Festival de Stratford, au Canada avec un autre fameux Canadien, le pianiste Glenn Gould...Le plus étonnant, en ce coffret de disques, est la manière magnifique dont Simoneau chante en studio un répertoire que, très prudent - trop prudent sûrement -, il n'osait aborder sur scène. Il faut entendre, et écouter, avec quelle pudeur virile il incarne le "Lucevan le stelle", de la Tosca, de Puccini, ou le chant vériste de "E la solita storia del pastore", extrait de L'Arlésienne, de Cilea...En 1970, alors que sa voix est toujours d'une magnifique fraîcheur, Simoneau décide de quitter la scène et de ne se consacrer qu'à l'enseignement. En 1972, il s'installe en Californie et enseigne au Conservatoire de San Francisco. En 1982, il rentre au Canada et fonde, avec son épouse, le Canada Opera Piccola.Cet art du beau chant, Léopold Simoneau l'a expliqué aux jeunes chanteurs dans son ouvrage L'Art du bel canto (Editions du Boréal, 2004). Par ailleurs, la musicographe canadienne Renée Maheu a consacré un essai à Simoneau et son épouse, Pierrette Alarie, Léopold Simoneau, deux voix, un art (Editions Libre Expression, 1988).