Mort de Leonard Freed Le

Mort Leonard Freed Le photographe américain Leonard Freed, membre de l'agence Magnum et auteur de nombreux reportages sur des sujets sociaux, est mort d'un cancer, mercredi 29 novembre, dans l'Etat de New York. Il était âgé de 77 ans. Né à Brooklyn en 1929, Leonard Freed se destine d'abord à la peinture, avant qu'un livre de Cartier-Bresson, découvert dans une librairie, n'en décide autrement. En 1954, après de nombreux voyages, Leonard Freed rentre au pays se former auprès du directeur artistique du magazine Harper's Bazaar, Alexeï Brodovitch. De sa formation picturale, il lui reste cependant un goût pour les compositions géométriques élégantes et pour les contrastes tranchés. Deux traits qui caractérisent ses photos de rues des années 1950, dont la plus célèbre, prise à Wall Street en 1956 : sur la chaussée, passants, réverbères et immeubles semblent danser un ballet parfaitement synchronisé. Durant toute sa carrière, Leonard Freed a incarné la tradition du photoreportage d'auteur en noir et blanc, telle que la cultive l'agence Magnum, qu'il rejoint en 1972. Installé à Amsterdam en 1958, Leonard Freed y photographie la communauté juive, avant de voyager partout dans le monde, répondant aux commandes de magazines comme Life, Look ou Stern. Mais le choix de ses sujets, liés à la discrimination, à l'antisémitisme, à la violence, ne doit rien au hasard. Pour lui qui a grandi dans une famille ouvrière et juive originaire d'Europe de l'Est, la photo est une psychothérapie. Un moyen d'explorer par l'image à la fois les tensions de la société et ses propres racines. Il fait ainsi des portraits du Ku Klux Klan, travaille sur la société allemande, rend visite aux communautés hassidiques de New York et de Jérusalem ou rend compte de la brutalité policière (Police Work, 1980). Surtout, Leonard Freed se fait le témoin permanent des combats de la communauté noire américaine. C'est en 1963, après avoir vu un soldat noir américain posté devant le mur de Berlin, que le photographe décide de consacrer un grand sujet au mouvement pour les droits civiques. Il en tire Black in White America (1968), portrait sobre et frappant d'une Amérique à deux vitesses, empoisonnée par la ségrégation. "Les Allemands me posaient un problème, confiait le photographe dans un livre rétrospectif publié par Nathan en 1991. Donc j'en ai fait un reportage. Les Noirs, eux aussi, me posaient un problème et, bien sûr, j'ai fait un reportage. (...) Au lieu d'aller chez un psychiatre, je me soigne tout seul, avec un appareil photo. Mais, quand c'est fini, il y a toujours un nouveau problème qui me guette. Et l'un d'eux me tuera peut-être."