Mort de Léon Weil
Mort Léon Weil - Un des derniers combattants de 14-18, Léon Weil, est mort, mardi 6 juin, à l'hôpital du Val-de-Grâce à Paris. Il était âgé de 109 ans.Né le 16 juillet 1896, dans le 10e arrondissement de Paris, Léon Weil avait subi son baptême du feu en 1917, lors de l'offensive Nivelle sur le Chemin des Dames. Il avait vécu l'enfer de Craonne, en gardait une inextinguible colère pour décrire l'absurdité des combats. "Il fallait sortir de la tranchée et partir au pas de guerre, à la baïonnette. Voilà comment cela se passait. Puis il fallait revenir vivant, cela c'était encore le plus dur, parce que ça tombait... Les mitrailleuses, ça claquait..." (Le Monde du 20 avril).Lors des mutineries de la même année, le soldat refuse d'être commis dans un peloton d'exécution. Cet acte lui vaut un séjour en prison. Il est tiré de là pour être jeté dans une autre bataille meurtrière, sur le Ballon des Vosges. "Les Allemands, ils étaient comme nous, des pauvres types qui se faisaient casser la gueule pour rien." Le poilu aura combattu sans haine, si ce n'est contre la guerre elle-même. Après l'armistice, Léon Weil travaille dans un grand magasin. Il s'adonne à sa passion pour le théâtre. "Et puis il a fallu remettre ça." Sous l'Occupation, il fuit les persécutions et se réfugie à Lyon. Il intègre, en 1943, le réseau de résistance Gallia, sous le nom de Victor. Multipliant les planques et les faux papiers, il oeuvre dans le renseignement et échappe de justesse aux rafles de la Gestapo. Il est cité à l'ordre de la Résistance et reçoit une seconde croix de guerre, après celle de 14-18.A la Libération, Léon Weil devient représentant, avant de prendre sa retraite dans les années 1960. Féru de boxe, ce sportif était également un nageur émérite qui faisait ses longueurs de bassin à 100 ans passés. A qui venait recueillir son témoignage, cet humaniste disait sans relâche, mais également sans illusion, l'ineptie de la guerre - "cette machine à faire des veuves et des orphelins" et à "enrichir les marchands de canons". Selon l'Office national des anciens combattants (ONAC), il reste officiellement six poilus français encore en vie.