Annonce L'Egypte annonce avoir tué le suspect numéro un des attentats de Charm el-Cheikh Nouveau rebondissement dans la chasse à l'homme menée par la police égyptienne depuis le triple attentat de Charm el-Cheikh, le 23 juillet : le ministère de l'intérieur a annoncé, lundi 1er août, avoir tué Mohammed Saleh Felifel, un Bédouin de la tribu de Sarkawa, âgé de 24 ans. Ce dernier était recherché depuis plusieurs mois pour sa responsabilité supposée dans l'attentat commis le 7 octobre 2004 à Taba, une autre cité balnéaire de la péninsule du Sinaï, située à la frontière israélienne. Quelques heures après les attaques à la bombe de Charm el-Cheikh, la police l'avait également désigné comme le suspect numéro un. L'opposition se divise avant l'élection présidentielle Alors qu'il avait d'abord annoncé son intention de boycotter l'élection présidentielle égyptienne, prévue le 7 septembre, le parti d'opposition Al-Wafd a créé la surprise en annonçant, lundi 1er août, la candidature de son chef, Noaman Gomaa. Ce faisant, il porte ombrage à l'autre candidat de l'opposition, Ayman Nour, chef du parti Al-Ghad, lui-même issu d'une scission du Wafd, dont il espérait le soutien électoral. "Si ma candidature devait être annulée pour une raison ou une autre, affirmait, la veille, M. Nour, le Wafd proposera la sienne." Le parti Wafd va aussi à l'encontre des appels au boycottage lancés par le reste de l'opposition, réunie sous le slogan "Kefaya" ("Ça suffit"), et notamment par les Frères musulmans, pourtant alliés historiques et stratégiques du Wafd. Cette candidature peut être analysée comme un signe d'affaiblissement d'une opposition qui montre de plus en plus de difficultés à rester unie. Par ailleurs, les 24 opposants arrêtés par la police lors de la manifestation du 30 juillet au Caire ont tous été relâchés le 1er août au soir. ­ (Corresp.) [-] fermer Selon le communiqué officiel, l'homme aurait été repéré dans les carrières du mont Ataqa, dans le Sinaï, sur la rive ouest du canal de Suez. Au moment de l'appréhender, les forces spéciales de la police auraient été accueillies par des tirs nourris. Dans les fusillades qui ont suivi, le jeune homme aurait péri, tandis que son épouse, présente elle aussi sur les lieux, aurait été grièvement blessée avant d'être évacuée vers un hôpital de la région. Mohammed Saleh Felifel était le frère de Souleiman Felifel, dont le corps figurait parmi les victimes de Taba et qui, selon la police, aurait été tué dans l'explosion prématurée de sa bombe. A cette époque, le gouvernement égyptien avait affirmé avoir mis la main sur une "cellule terroriste" basée à El-Arich, dans le nord du Sinaï. Un Palestinien dénommé Ayad Saïd Saleh, dont les restes ont également été retrouvés à Taba, avait été présenté comme le "cerveau de l'opération" . A la suite d'arrestations massives dans la région plus de 2 500 personnes et une série d'interrogatoires par des services de renseignement qui ne sont réputés ni pour leur patience ni pour leur délicatesse, trois Egyptiens avaient été inculpés : Mohammed Gabeh Sabbah et Mohammed Abdallah Rabaa ­ dont le procès, ouvert en juillet, a été ajourné au 14 août , et enfin Mohammed Saleh Felifel, jugé par contumace et qui, après une cavale de plusieurs mois, aurait donc été tué lundi. Les dernières informations communiquées par le gouvernement sont néanmoins à prendre avec précaution. Il y a quelques mois déjà, celui-ci avait annoncé avoir tué le même Mohammed Saleh Felifel avant de se rétracter. L'avocat des trois suspects, Ahmed Seif Al-Islam, n'était pas non plus en mesure de confirmer sa mort lundi soir. "Je ne dispose pour le moment d'aucun détail, affirme-t-il, et les enquêtes qu'il me faudra mener dans le Sinaï seront probablement très longues." "Cependant, ajoute-t-il, je m'attendais à un tel développement dans cette affaire. Les principaux accusés de l'attentat de Taba ont fait davantage l'objet d'un assassinat que d'une véritable traque. La police semble déterminée à présenter sa propre version de l'histoire devant le tribunal, sans laisser aux accusés la possibilité de présenter leur témoignage." Un autre suspect en fuite, Salem Kheidr Al-Chnoub, avait été tué dans des conditions similaires le 17 juin. Les deux accusés en attente de leur jugement nient toute responsabilité dans l'attentat de Taba et affirment que leurs aveux ont été arrachés sous la torture. Lors d'une audition, début juillet, ils ont montré à l'audience leurs dos couverts de bleus et de brûlures. Le juge avait alors fait évacuer la salle et ordonné un examen médical, dont les résultats ne sont toujours pas connus. "ÉLÉMENTS DOUTEUX" "Beaucoup d'éléments contenus dans le dossier présenté par la police sont douteux", dit Ahmed Seif Al-Islam. "Comment expliquer, par exemple, que les restes d'un cadavre soient présentés comme -ceux d'un- "coupable" alors qu'ils ont été retrouvés par la police israélienne -qui avait participé à l'enquête de Taba- dans un lieu non précisé par ce dossier ?" , ajoute-t-il. Par ailleurs, selon l'avocat, 240 personnes sont toujours détenues au secret. "Le même processus se répète avec Charm el-Cheikh. Plus de 200 Egyptiens ont été arrêtés préventivement, parmi lesquels des femmes et des enfants. La moitié d'entre eux avaient déjà été arrêtés après Taba", affirme-t-il. Outre l'hypothèse liant les attentats de Charm el-Cheikh à celui de Taba, les autorités ont évoqué une piste pakistanaise. Aujourd'hui, elles n'en évoquent plus aucune en particulier. Le dernier communiqué reste vague sur l'implication éventuelle du suspect tué... Pour l'avocat Montasser Zayat, islamiste radical repenti, ancien compagnon de l'actuel lieutenant d'Oussama Ben Laden, Ayman Al-Zawahiri, et aujourd'hui membre des Frères musulmans, le lien entre les deux attentats du Sinaï ne fait aucun doute. "Le Sinaï est une zone où il est impossible de se mouvoir sans la participation des Bédouins qui le contrôlent", déclare-t-il. Pour lui, "l'attentat de Charm el-Cheikh est à la fois une réaction aux conditions insupportables du procès de Taba et une contestation violente de la politique pro-américaine, jugée injuste, du régime égyptien et de son despotisme". Le gouvernement a annoncé que l'enquête continuait et que l'arrestation des coupables n'était "qu'une question de temps" .