Mort de L'éditrice Françoise Verny
Mort L'éditrice Françoise Verny est morte Elle a surtout travaillé chez Grasset mais aussi chez Gallimard et Flammarion. Elle a découvert ou publié de nombreux auteurs comme Françoise Sagan, Lucien Bodard (avec qui elle eut une liaison), Bernard-Henri Lévy, André Glucksman, Françoise Mallet-Joris ainsi qu'Alexandre Jardin, Cyril Collard... L'éditrice Françoise Verny, qui a accouché beaucoup de talents, dont les "nouveaux philosophes" à la fin des années 1970, est décédée lundi 13 décembre au soir, à l'âge de 77 ans. Malade depuis longtemps, retirée du métier depuis plusieurs années, Françoise Verny est morte dans un hôpital parisien. Elle était aussi l'auteur de Mémoires (Le plus beau métier du monde), de plusieurs livres sur sa foi catholique comme Dieu existe, je l'ai toujours trahi, Pourquoi m'as-tu abandonnée? ou Mais si, Messieurs, les femmes ont une âme.Agrégée de philosophie, fille d'un médecin, née le 20 novembre 1928 à Neuilly-sur-Seine, près de Paris, elle conjugue dans sa jeunesse le militantisme communiste et une foi catholique fervente, avant de se lancer dans le journalisme.Elle entre en 1964 chez Grasset où elle reste dix-huit ans. En 1982, elle rejoint Gallimard, un transfert qui fait beaucoup de bruit dans le milieu. Mais elle n'y reste que quatre ans et, en 1986, devient directeur éditorial et du développement audiovisuel chez Flammarion. Elle était revenue, pour peu de temps, en 1995, à ses premières amours, Grasset. Elle avait aussi travaillé pour la télévision M6."PAPESSE" DE L'ÉDITIONQualifiée tour à tour "d'aimant à auteurs", de "papesse" ou de "mamma" de l'édition, de "bulldozer au féminin" ou "d'ogresse", elle a participé aux grandes manœuvres des prix et lancé les "nouveaux philosophes" en 1977."Je suis une mère maquerelle qui lit la Bible" : avec un sens consommé de la provocation, Françoise Verny avait des formules-chocs. Son allure, non plus, ne passait pas inaperçue : très forte corpulence, cheveu noir raide, cigarette à la bouche et goût pour la bouteille. "Sans doute ai-je peur de mon prochain autant que j'ai besoin de lui. S'il m'arrive de trop boire, c'est pour le supporter et l'oublier", disait-elle.Beaucoup d'auteurs et d'éditeurs ont une anecdote sur cette forte personnalité. Yann Quéffelec raconte que, sur le port de Belle-Ile, elle l'a accosté avec un : "Toi mon coco, t'as une gueule d'écrivain." Laquelle "gueule d'écrivain" aurait, peu après, le Goncourt (1985)...Après avoir côtoyé les monstres sacrés d'hier (Mauriac, Malraux, Aragon ou de Beauvoir), elle a découvert ou publié de nombreux auteurs comme Françoise Sagan, Lucien Bodard (avec qui elle eut une liaison), Bernard-Henri Lévy, André Glucksman, Françoise Mallet-Joris ainsi qu'Alexandre Jardin, Cyril Collard...Ses Mémoires (1990) resteront comme une passionnante plongée dans la vie de l'édition, proposant nombre de savoureux portraits comme celui de Françoise Sagan : "On la croit faible parce qu'elle cède à ses appétits (le jeu, la drogue, l'alcool) mais elle est d'une énergie peu commune dans l'affirmation de ses opinions."Au fil des ans, Françoise Verny apparaissait moins comme une manipulatrice de grand talent que comme une femme blessée par la vie, à la franchise désarmante sur ses souffrances : "Je ne me suis jamais aimée." Inlassablement, elle cherchait Dieu sans l'atteindre : "A mes funérailles, un curé pourrait dire : Françoise Verny avait la foi mais elle attendait que Dieu se signale."