Scandale L'édifiant rapport sur la fiabilité des radars Selon un document officiel de l'Etat révélé par le magazine Auto Plus, les policiers ne sont pas en mesure de régler correctement les radars fixes ou mobiles. Avec à la clé des risques de PV injustifiés. Les radars français sont à nouveau dans le collimateur. Après les plaintes des automobilistes qui se sentent parfois piégés, c'est au tour de l'Etat de critiquer ses propres appareils, mal réglés, et dont la fiabilité des mesures laisse à désirer. Selon le journal Auto Plus qui paraît ce mardi, le secrétariat général de l'administration de la police de la préfecture de la zone de défense Est (Metz) a réalisé en 2006 un rapport édifiant qui démontre d'importantes « erreurs de mesure » des radars de vitesse, qu'ils soient fixes ou embarqués. Les quelques passages publiés en fac-similé mettent en « évidence les erreurs de mesure et leurs conséquences sur le plan juridique engendrées par le mauvais positionnement fréquent des cinémomètres radar fixes et embarqués ». Le rapport « propose également des solutions techniques pour éviter des contestations sur l'usage de ces appareils ». Enjeu financier colossal Contacté par lefigaro.fr, la rédaction d'Auto Plus révèle quelques détails chiffrés encore plus croustillants. Et inquiétants. Ainsi, pour mesurer la vitesse d'un automobiliste, un radar doit être placé face à celui-ci et orienté à 25 degrés. « Mais un écart d'un degré, c'est une marge d'erreur assurée de 4 à 5 % », assure l'un des journalistes de l'hebdo. L'écart peut atteindre 10 à 13 % si le radar est orienté à 22° par exemple. Pour une vitesse de 90 km/h sur une rocade, l'erreur varie alors de 9 à près de 12 km/h ! Aucune donnée permettant de connaître le nombre d'automobilistes lésés n'est encore disponible. Mais l'Etat peut lui aussi devenir perdant : à partir de 26° ou plus, la vitesse du véhicule flashé sera sous-estimée de 3 %, et ainsi de suite. Plus inquiétant encore : « Les forces de l'ordre ne possèdent pas les moyens de les régler correctement », selon Auto Plus. « Quant au sociétés assermentées par l'Etat, elles n'effectuent pas les contrôles nécessaires ». 2.000 radars à la fin de l'année Le rapport a été transmis en juin 2006 à l'Inspection générale de la police nationale (IGPN) et à la Direction de projet interministériel pour le contrôle automatisé (DPICA). L'enjeu financier s'avère colossal : le total des produits des amendes générés par les radars s'est élevé à près de 350 millions d'euros en 2006. A la fin de l'année, 2.000 radars (deux tiers fixes et un tiers mobiles) seront en service sur les routes en France. De son côté, le Syndicat général de la police (SGP-FO) a dénoncé « les ravages de la politique dite de résultats », après la divulgation du document. « Si ces informations se révèlent exactes », le SGP-FO « s'étonne que l'administration n'ait pas réglé ce problème, qu'elle connaissait depuis au moins trois ans, qui a pour conséquence éventuelle de mettre les fonctionnaires de police en porte-à-faux ».