Anniversaire L'école des tailleurs de marbre grecs de Tinos fête ses 50 ans ATHENES (AFP) - L'école des tailleurs de marbre de Tinos, une institution unique en Grèce, fête cette année ses cinquante ans poursuivant une tradition millénaire de cette île des Cyclades qui a fourni les plus grands noms de la sculpture nationale et les restaurateurs de l'Acropole. "Phidias, lui-même, dit-on, est passé par Tinos pour donner des cours en se rendant à Délos, l'île sacrée toute proche où personne n'avait le droit de naître ou de mourir", a affirmé à l'AFP Babis Kritikos, le directeur de l'école située à Pyrgos. "L'Ecole préparatoire et professionnelle des Beaux Arts" de Tinos, fondée en 1955, dépend du ministère de la Culture qui la dote chaque année d'un budget de 80.000 euros. Une somme comparable est octroyée par la très puissante et riche fondation de l'église de l'Annonciation de Tinos qui tire d'importants revenus d'un pélerinage fameux dédié à une icône de la Vierge, réputée miraculeuse. Au coeur des Cyclades, placée entre Syros, la capitale économique et de Mykonos, la capitale touristique, Tinos est en outre riche de plusieurs carrières de marbre blanc et gris de bonne qualité placées près de Pyrgos le centre du marbre tiniote. Vue d'ensemble de l'atelier de l'école des tailleurs de marbre de Tinos en mai 2005 © AFP Aris Messenis Entourés d'une série de copies des chefs d'oeuvres de la statuaire classique grecque comme les bustes de l'Hermes de Praxitèle, d'Hyppocrate, de la tête du Diadumène de Polyclète, d'une corê de l'Acropole, de stèles du Céramique, les 40 élèves dont cinq jeunes filles sont entassés dans une petite salle d'une centaine de m2 dans le bruit des massettes, des divers grattoirs et burins. Malgré la simplicité de leur équipement, ce sont eux qui réaliseront des prouesses pour la restauration des momuments de l'Acropole où T,RFRAla plupart trouvent des débouchés. Ancien élève de César aux Beaux-Arts de Paris dans les années 70 et ayant participé à la restauration de la Cour carrée du Louvre, Babis Kritikos plaide pour obtenir plus de moyens "pour ouvrir l'école et accueillir plus de monde". "L'école est célèbre dans tout le pays et refuse du monde, seize jeunes cette année. Depuis cinquante ans, les conditions ont changé mais nous voulons poursuivre la tradition qui a donné les plus grands sculpteurs grecs de l'époque moderne", ajoute M. Kritikos. Yannoulis Halepas (1851-1938), le Rodin grec, est justement originaire de Pyrgos, de même que Dimitrios Philipotis, l'autre grand sculpteur grec, dont les oeuvres emplissent les squares, les jardins publics et le premier cimetière d'Athènes. Un fils de berger de 20 ans, Spyros Haralambopoulos, sculpte un bouc dans l'atelier de marbre de Tinos © AFP Aris Messinis Le tiers de l'effectif de l'école vient de Tinos, les autres de toutes les régions du pays comme Spyros Haralambopoulos, 20 ans, fils d'un berger du nord-est du Péloponnèse qui taille un bouc magnifique dans un marbre blanc aux veines grises. Toute la matinée, les élèves de première année apprennent à tailler à la main les surfaces et à reconnaître le marbre, ceux de seconde année taillent de petites statues, et les plus âgés font "la mise au point" consistant à reproduire point à point des oeuvres originales. Les élèves suivent aussi l'après-midi dans un bâtiment du 19e siècle perché au dessus du village, l'un des plus pittoresque de l'île, des cours de dessin et de peinture, d'architecture, de sculpture (terre et plâtre), d'histoire de l'art. Les deux premiers, à la fin de l'année, sont admis directement, sans concours, à l'école des Beaux-Arts d'Athènes. Un musée du marbre financé par des fonds européens et privés, placé près de l'école, doit être inauguré en décembre.