Échec L'échec du rapprochement entre GM et Renault-NissanLe constructeur automobile General Motors (GM) a décidé de ne pas s'allier avec le franco-japonais Renault-Nissan, préférant tabler sur le succès de son actuel plan de restructuration pour sortir de l'ornière. Les trois groupes ont annoncé conjointement, mercredi 4 octobre, qu'ils arrêtaient leurs discussions, alors qu'ils avaient convenu le 14 juillet d'examiner la faisabilité d'un rapprochement pendant une période de 90 jours et devaient rendre leur verdict d'ici au 15 octobre. GM, Renault et Nissan "sont tombés d'accord pour arrêter les discussions concernant une possible alliance entre les trois entreprises", ont-ils indiqué.Un mariage entre GM, leader mondial du secteur, et Renault-Nissan, numéro 4, aurait créé une entité détenant 25 % du marché mondial de l'automobile. Les constructeurs ont conjointement expliqué "ne pas être parvenus à se mettre d'accord ni sur le montant total des synergies ni sur la répartition des bénéfices entre les partenaires", mais GM a fait savoir séparément qu'il avait décidé d'arrêter les négociations."Les synergies étaient substantiellement du côté de Renault-Nissan", a affirmé le PDG de GM, Rick Wagoner, lors d'une conférence sur Internet, si bien que le groupe "a conclu que ce projet n'était pas dans le meilleur intérêt de GM ni des actionnaires".RAPPROCHEMENT SOURCE DE "DISTRACTION"M. Wagoner a indiqué que Renault-Nissan refusaient de payer une prime pour entrer dans le capital de GM et une compensation pour une clause d'exclusivité demandée à GM pendant les négociations. Une alliance "serait une source de "distraction qui pourrait affecter notre restructuration", a conclu le PDG. GM "reste concentré sur l'exécution de la restructuration", et reste "ouvert à des collaborations avec d'autres acteurs du secteur", a-t-il assuré.L'initiative du projet de rapprochement ne vient ni de GM ni de Renault-Nissan mais du premier actionnaire individuel de GM, le milliardaire Kirk Kerkorian qui détient 9,9 % du capital de GM et a fait part de son intention de monter à 12 %. Kerkorian a soumis l'idée au patron du groupe franco-japonais, Carlos Ghosn. Selon Kerkorian, une telle alliance serait plus efficace pour GM que l'actuelle restructuration, qui court jusqu'en 2008. Rick Wagoner s'est toujours montré réticent à cette alliance, mettant en avant la priorité de mener la restructuration en respectant la feuille de route.Tracinda, la société d'investissement de Kerkorian, a publié un bref communiqué après l'annonce de l'échec des pourparlers pour insister sur les bénéfices que l'alliance aurait apportés à GM et pour déplorer que le conseil d'administration de General Motors n'ait pas fait appel, malgré l'insistance de Tracinda, à des conseillers extérieurs pour évaluer le projet de rapprochement. "Nous pensons que la participation de GM dans une alliance globale avec Renault et Nissan aurait permis à GM de réaliser de substantielles synergies et économies de cots", a indiqué la société de Kerkorian. "Nous regrettons que le conseil d'aministration ne se soit pas procuré sa propre évaluation indépendante de l'alliance", a ajouté Tracinda. Jerry York, le représentant de Tracinda qui siège au conseil d'administration de GM depuis février, aurait lui aussi voté contre l'alliance.Le PDG a en sa faveur plusieurs éléments encourageants : après avoir accusé une perte historique de 10,6 milliards de dollars en 2005, GM a réalisé un vrai bénéfice net au premier trimestre, de 445 millions, et un bénéfice de 1,2 milliard au deuxième trimestre, hors charges de restructurations. Un plan de départs volontaires a glané plus de candidats qu'escompté, si bien que GM va se défaire de 34 000 personnes contre un objectif de 30 000 pour sa restructuration, et le groupe a relevé son objectif d'économies annuelles de 8 à 9 milliards.DÉCEPTION DE LA COMMUNAUTÉ FINANCIÈRELa fin des discussions a peu déçu la communauté financière mercredi, tandis que l'action GM a clôturé en léger recul à la Bourse de New York (- 0,27 % à 33,36 dollars). "Je ne pense pas qu'il s'agisse d'une perte pour GM", estime Laurie Harbour-Felax, du cabinet d'études Harbour-Felax, notant que cette alliance a surtout "des avantages pour Renault et Nissan en termes de développement de produits et de capacités". "Cela a été une distraction pour GM", estime Sean McAlinden, de l'Institut de recherche sur l'automobile, selon qui les alliances "ne paient pas les dividendes de GM".Pour Himanchu Patel, de JPMorgan, "cela ne devrait pas avoir d'impact de court-terme sur les résultats ni sur le redressement de GM, car les bienfaits d'une alliance auraient été visibles sur le long terme"."La question maintenant est de savoir si Ford va parler avec Ghosn", résume M. McAlinden, faisant référence à la volonté de Renault-Nissan de trouver un partenaire aux Etats-Unis et à celle de Ford de doper sa propre restructuration. Dans cette perspective, l'action Ford a gagné 4,01 % à 8,56 dollars, son meilleur niveau en près de trois semaines. Ford a refusé de commenter les spéculations sur son entrée dans d'éventuelles discussions avec Renault-Nissan. Frédérique Le Greves, porte-parole de Nissan, a indiqué de son côté que si le tandem était ouvert à un partenariat sur le marché américain, il n'en recherchait pas activement à l'heure actuelle.
