Annonce Le Vlaams Blok flamand condamné pour racisme La justice belge a confirmé mardi 9 novembre la condamnation pour incitation à la haine raciale de satellites du Vlaams Blok flamand, ce qui obligera ce parti d'extrême droite et indépendantiste à changer de nom. La Cour de cassation a refusé de casser le jugement de la cour d'appel de Gand qui, en avril, avait condamné trois associations sans but lucratif liées au Vlaams Block à une amende de 12 394 euros chacune, pour infraction à la loi sur le racisme de 1981. "La Cour a rejeté l'appel (présenté par le parti flamand)", a déclaré Edouard Forier, le président de la plus haute juridiction du royaume, devant une salle bondée dont la moitié a applaudi la décision tandis que l'autre moitié la huait. Alors que les "Blokkers" estiment être victimes d'une "inquisition", le magistrat a cité la convention européenne des droits de l'homme, qui donne selon lui le droit de limiter la liberté d'expression pour protéger l'ordre public. Le président du parti, Frank Vanhecke, s'est déclaré "choqué" par la décision de la Cour suprême de Belgique, et a déclaré qu'"il a été confirmé aujourd'hui qu'au sein de l'Etat belge la démocratie et la liberté d'expression sont menacées", en envisageant un recours en annulation devant la Cour européenne des droits de l'homme de Strasbourg. LE VLAAMS BLOK PROMET "D'ENTERRER" LA BELGIQUE "Aujourd'hui, notre parti, le Vlaams Blok, a été condamné à mort", déclare le président de la formation nationaliste, Frank Vanhecke, dans un communiqué publié mardi soir sur le site du parti. "En validant le verdict de la cour d'appel de Gand du 21 avril qui faisait du Vlaams Blok une organisation criminelle (...), la Cour de Cassation nous oblige à nous dissoudre", ajoute le communiqué. "Nous établirons un nouveau parti. Celui-ci, la Belgique ne sera pas capable de l'enterrer. C'est lui qui enterrera la Belgique", conclu M. Vanhecke, qui milite depuis 25 ans pour une république flamande indépendante. Dans une interview accordée à la télévision flamande, Filip Dewinter, chef de groupe du Vlaams Blok au Parlement flamand, estimait par ailleurs qu'il serait aisé de "mettre Bruxelles à genoux", dans la mesure où la capitale est incapable de se financer seule. "Bruxelles pliera", a-t-il ajouté en précisant qu'il accorderait des "facilités" aux francophones, qui pourront continuer à utiliser leur langue dans leur ville. En outre, le parti devrait changer de nom dimanche 14 novembre lors d'un congrès qui se déroulera à Anvers pour compléter sa mue et devenir le "Vlaams Belang" ("Intérêt flamand"). LE VLAAMS BLOK ADOPTE UNE LIGNE MOINS ANTI-IMMIGRÉS Le mouvement a déjà pris ses précautions pour éviter d'être privé des subventions publiques, les seules autorisées en Belgique, une sanction qui frappe les partis jugés racistes. Sans attendre la décision de la Cour de cassation, ce parti qui prône l'indépendance totale de la Flandre - son slogan est "België barst !" ("Belgique, crève !") - avait adopté samedi 7 novembre une nouvelle ligne moins anti-immigrés. En effet, son "livre orange", où était fixée sa doctrine depuis 1978, date de sa première participation aux élections, a été lissée et l'on n'y trouve plus, par exemple, le renvoi de tous les immigrés dans leur pays, mais seulement de ceux qui ne respectent pas les lois et les règles en vigueur dans leur pays d'accueil. Si les étrangers "s'adaptent à notre culture, nos normes et valeurs et aux principes tels que la séparation de l'Eglise et de l'Etat, la démocratie, la libre expression et l'égalité des chances entre hommes et femmes", ils pourront rester, est-il déclaré. Dans le quotidien belge Le Soir, Lieven De Winter, un politologue de l'université catholique de Louvain (UCL), estime qu'il sera sur cette base impossible de poursuivre le Blok. "Le programme du Blok n'est aujourd'hui plus très différent de certains discours de libéraux flamands (le parti du premier ministre belge Guy Verhofstadt)", a-t-il déclaré. Paradoxalement, la décision de la Cour de cassation, point final d'une saga judiciaire entamée il y a plusieurs années par le Centre pour l'égalité des chances et la Ligue flamande des droits de l'homme, pourrait donc aboutir à briser le "cordon sanitaire" patiemment construit autour du parti flamand. LE CORDON SANITAIRE SERAIT ROMPU "Le cordon sanitaire sera rompu en 2006", prédit le politologue, en référence aux élections municipales qui auront alors lieu. Plusieurs dirigeants flamands de partis "démocratiques", notamment du côté libéral, prônent en effet une alliance avec le Vlaams Blok afin de l'associer au pouvoir par exemple à Anvers, deuxième ville du pays où il représente 33 % des voix. De plus en plus de Flamands, et notamment des notables, susceptibles d'accroître encore la respectabilité d'un parti totalement banalisé en Flandre, sont séduits par un mouvement qui n'a jamais été mêlé à la gestion quotidienne. Mais de l'autre côté de la frontière linguistique, les partis francophones excluent totalement de gouverner au niveau fédéral avec des ministres issus du Blok, ce qui rendrait toute coalition impossible si les Flamands en décidaient autrement. En effet, s'il a adouci son programme sur le volet de l'immigration, les cadres du parti restent les mêmes et son discours sur l'indépendance de la Flandre ne change pas non plus.