Annonce Le virus de la grippe aviaire découvert chez des porcs pour la première fois La Chine a annoncé vendredi 20 août avoir découvert la souche mortelle du virus de la grippe aviaire pour la première fois au monde chez des porcs, un événement redouté par les experts internationaux car susceptible de faciliter la transmission à l'homme. Des chercheurs ont isolé le virus H5 N1 dans des prélèvements effectués en 2003 chez des porcs, et de nouveau chez d'autres cette année, a indiqué à la presse une responsable du laboratoire national de recherche sur la grippe aviaire, Chen Hualan. L'Organisation mondiale de la santé (OMS) avait averti au début de l'année que le virus H5 N1 pourrait tuer des millions de gens s'il se combinait avec le virus de la grippe humaine, et que ce risque serait accru si le porc était porteur du H5 N1, car son organisme peut accueillir des virus à la fois animaux et humains. "Ce n'est pas simplement la première fois en Chine mais la première fois au monde" que la souche H5 N1 est découverte chez des porcs, a souligné Mme Chen, en marge d'une conférence internationale sur la prévention de la grippe aviaire et du SRAS (syndrome respiratoire aigu sévère). Plusieurs cas du virus ont été découverts dans des élevages de porcs en Chine en 2003 et en 2004, selon un document distribué par Mme Chen, qui s'est refusée à donner d'autres détails. RISQUE DE MUTATION DU VIRUS Julie Hall, coordinateur à Pékin pour la surveillance et la lutte contre les maladies contagieuses, qui participe à la conférence, a exprimé sa surprise après cette annonce. "C'est la première fois que j'entends dire à cette conférence que des porcs ont été découverts" porteurs du virus. Mme Hall a exprimé son inquiétude face au risque que le virus puisse muter vers une forme plus mortelle et se transmettre plus facilement à l'homme, relativement épargné jusqu'ici, avec 27 morts depuis le début de l'année, par l'épidémie de grippe aviaire en Asie : "Les porcs sont capables d'attraper à la fois la grippe aviaire et la grippe humaine (...). Notre inquiétude est que si ces deux virus se mélangent, ils échangent des éléments génétiques et le résultat serait quelque chose de plus dangereux." L'épidémie asiatique fait redouter la rencontre des virus de la grippe aviaire et de la grippe humaine classique, d'où pourrait émerger, après réassortiment génétique ou échange de matériel génétique, un nouveau virus susceptible de déclencher une épidémie planétaire. "On risque d'avoir un virus H5 N1 adapté aux mammifères tout en ayant en surface des antigènes contre lesquels l'homme n'a pas de défense", avertissait il y a quelques mois Sylvie van der Werf, de l'Institut Pasteur à Paris. Les virus de la grippe aviaire (de type A) des groupes H5 (c'est un virus H5 N1 hautement pathogène de ce groupe prédominant actuellement), H7, H9, comportent des virus fortement ou faiblement pathogènes. Les virus grippaux qui circulent dans l'espèce porcine indiquent que des réassortiments se produisent chez cet animal à une fréquence non négligeable. A titre d'exemple, des souches (H3 N2) isolées dans le Minnesota, l'Iowa et au Texas résultent de multiples réassortiments puisqu'on y retrouve des gènes issus de virus humains, de virus porcins classiques ainsi que des gènes appartenant aux lignages aviaires, selon une étude parue en 1999. La transmission indirecte de virus aviaire après mariage avec des virus humains chez le porc a été démontrée avec l'infection de deux enfants aux Pays-Bas par des virus porcins, selon une étude de 1994. Ces virus porcins n'ont pas provoqué d'épidémie. Les porcs sont considérés comme un intermédiaire idéal, un creuset de ces mariages à risque entre virus humains et animaux.