Démission Le vice-président syrien Abdel Halim Khaddam a présenté sa démissionL'une des principales figures de la "vieille garde" du Baas, le vice-président Abdel Halim Khaddam, a présenté sa démission, selon des participants au Congrès du parti au pouvoir en Syrie qui poursuivait ses travaux, mardi 7 juin.M. Khaddam, 73 ans, a reproché au chef de la diplomatie Farouk Al-Chareh sa politique "musclée", notamment au Liban et à l'égard des Etats-Unis, avant de présenter sa démission de ses fonctions au sein du parti et de l'Etat, ont-ils précisé.Interrogée lors d'une conférence de presse, la ministre des émigrés et porte-parole du Congrès, Boussaïna Chaabane, s'est contentée de répondre que M. Khaddam était toujours membre du commandement national du Baas, le parti qui dirige la Syrie depuis 1963. Elle a également expliqué que ledit commandement national est dissous d'office en raison de la tenue du Congrès et qu'un nouveau commandement serait élu au terme des réunions jeudi.De sources proches des participants, on a indiqué que M. Khaddam ne serait pas élu tout comme le vice-président Mohammad Zouheir Macharqa, l'ex-ministre de la défense Moustapha Tlass, l'ancien président du parlement Abdel Kader Kaddoura et l'ex-premier ministre Mohammad Moustapha Miro.FIDÈLE COMPAGNON D'HAFEZ AL-ASSAD En revanche, M. Chareh garderait son poste et de nouvelles personnalités, dont Mme Chaabane, feraient leur entrée au commandement du Baas, selon elles. Un départ de M. Khaddam ne signifierait en aucun cas un assouplissement de la politique du régime syrien, selon des sources diplomatiques occidentales à Damas. Selon un délégué, M. Khaddam a demandé à être "déchargé de ses fonctions" de vice-président et de membre du commandement national du Baas au cours d'une réunion lundi soir de la commission politique présidée par M. Chareh.M. Khaddam "voulait depuis longtemps être déchargé de ses fonctions", a indiqué un diplomate occidental. "Il était en désaccord avec M. Chareh, surtout au sujet du Liban", a-t-il ajouté, expliquant que le vice-président est "moins doctrinaire et plus souple" que l'actuel ministre des affaires étrangères. Abdel Halim Khaddam était un fidèle compagnon de route de l'ancien chef de l'Etat Hafez Al-Assad. Il avait assuré l'intérim de la présidence de la République après la mort de ce dernier en juin 2000, jusqu'à l'élection de son fils Bachar Al-Assad.CHARGÉ DU DOSSIER LIBANAIS DE 1975 À 1998 Musulman sunnite issu d'une famille de la petite bourgeoisie de Banias, dans le nord-ouest de la Syrie, il avait adhéré à 17 ans au Baas. Nommé ministre des affaires étrangères en 1970 après l'accession de Hafez Al-Assad au pouvoir, il a gardé ce poste jusqu'en 1984. Puis il a été nommé vice-président.M. Khaddam était chargé du dossier libanais de 1975 à 1998, passé depuis sous la supervision directe de Bachar Al-Assad. Il a gardé de bonnes relations avec plusieurs dirigeants libanais, notamment Rafic Hariri, assassiné en février à Beyrouth. Il s'était d'ailleurs rendu à titre privé à Beyrouth lors des obsèques de Rafic Hariri.La Syrie avait dû retirer totalement ses troupes au Liban en avril sous la pression internationale et de la rue libanaise après l'assassinat de Hariri, dont elle avait été soupçonnée par l'opposition libanaise. Elle a perdu ainsi un atout politique sur l'échiquier régional et des privilèges économiques. Les promesses de M. Assad d'améliorer la situation économique et la vie quotidienne des Syriens, faites à l'ouverture du Congrès lundi, ont été accueillies en Syrie avec un scepticisme d'autant plus grand que les précédentes tentatives d'ouverture n'ont pas abouti."Nous ne voyons pas de signes forts d'un changement", a déclaré l'universitaire syrien Bourhane Ghalioune. Les travaux du Congrès se poursuivent, les 1 231 délégués du parti étant répartis en trois commissions, politique, économique et organisationnelle.
