Annonce Le Vatican interdit d'ordonner des prêtres "gays"Les homosexuels ne doivent plus avoir leur place dans les séminaires, ni dans les noviciats. Devant la multiplication des scandales sexuels mettant en cause le clergé catholique, le Vatican a décidé de réagir d'une manière sans doute tardive, mais ferme : un texte bref (trois feuillets), en chantier depuis longtemps, mais divulgué, mardi 22 novembre à Rome, à la suite de fuites. C'est bien d'un rappel à l'ordre, au ton sec, qu'il s'agit. Signé par la congrégation de l'éducation catholique, ce document rappelle, d'abord, la position constante de l'Eglise qui distingue entre les actes et les tendances homosexuelles. Les actes sont des "péchés graves", "intrinsèquement immoraux et contraires à la loi naturelle". Quant aux tendances, elles sont "objectivement désordonnées", mais les femmes et les hommes homosexuels doivent être accueillis avec "respect et délicatesse". Toute "marque de discrimination" doit être condamnée. CHIFFRESÉTATS-UNISOn estime de 25 % à 50 % le nombre de séminaristes présentant des tendances homosexuelles (The changing faceof the priesthood, du P. Donald Cozzens). 2 000 prêtres ont été poursuivis, depuis 2002, pour faits de pédophilie.FRANCELes séminaristes étaient 1 172 en 1994 et 773 en 2003. Ils étaient déjà soumis à un document approuvé en novembre 1997 par l'épiscopat disant que "celui qui présente des tendances homosexuelles a sa place dans les communautés chrétiennes où il doit être accueilli et respecté, mais il ne sera pas appelé au ministère ordonné". Des cours d'éthique sexuelle sont donnés dans les séminaires et noviciats.[-] fermerCela étant répété, les évêques et les supérieurs d'ordres religieux sont rappelés à leur responsabilité en ce qui concerne la formation de leurs séminaristes et de leurs novices. "On ne peut pas admettre au séminaire et aux ordres sacrés (diaconat et sacerdoce), souligne le texte, ceux qui pratiquent l'homosexualité, qui présentent des tendances homosexuelles profondément enracinées et soutiennent ce que l'on appelle la culture gay"."TROUBLES INCOMPATIBLES"La raison en est la conformité du futur prêtre ou religieux à la discipline du célibat et de la chasteté, mais aussi à la vérité des relations qu'il aura dans l'exercice de son ministère. Pour le Vatican, les homosexuels ne peuvent pas être ordonnés prêtres, car ils se trouvent "dans une situation qui fait obstacle à une relation juste avec des hommes et des femmes". Son document évoque, sans préciser davantage, les "conséquences négatives qui peuvent découler de l'ordination de personnes présentant des tendances homosexuelles profondément enracinées".La question la plus délicate est celle du "discernement". Comment "discerner" avec certitude des tendances homosexuelles chez un individu, dès le séminaire ou le noviciat, sans risquer de l'exclure du sacerdoce ou de la vie religieuse ? C'est le casse-tête de tout supérieur ou maître des novices. Le document du Vatican rappelle que "le seul désir de devenir prêtre ne suffit pas" pour être ordonné, que l'ordination n'est jamais un "droit" et qu'il serait "extrêmement malhonnête qu'un candidat au sacerdoce cache son homosexualité", pour pouvoir être ordonné.C'est à la direction de l'établissement de se prononcer sur la "maturité affective" et l'aptitude du candidat à respecter la règle de la "chasteté sacerdotale". Un " jugement moral" doit être porté sur lui et "dans le cas d'un doute sérieux, il ne doit pas être accueilli aux ordres sacrés".Le "directeur de conscience", en particulier, doit s'assurer que le candidat ne présente pas "de troubles sexuels incompatibles avec le sacerdoce". Si un séminariste ou un novice "pratique l'homosexualité ou présente des tendances homosexuelles", son directeur spirituel, comme son confesseur, a le devoir "de le dissuader, en conscience, d'aller jusqu'à l'ordination". Si l'homosexualité n'a été qu'un "problème transitoire" pour des jeunes à peine sortis de l'adolescence, il leur est demandé de l'avoir "dépassé", depuis au moins trois ans, avant de demander à être ordonné diacre, l'étape précédant l'ordination à la prêtrise."Nous sommes toujours pris entre deux extrêmes, commente pour le Monde le Père Jean-Luc Védrine, supérieur du séminaire de Saint-Sulpice à Paris : celui du laisser-aller, celui du risque de commettre une énorme injustice". C'est bien contre le "laisser-aller" dans la formation que milite le texte du Vatican, visant en particulier (sans la nommer) la situation dans les séminaires des Etats-Unis, repris en main après la multiplication des affaires de pédophilie et autres scandales sexuels.
