Scandale Le troublant aveu de l'abbé PierreRELIGION. Le fondateur d'Emmaüs avoue avoir eu dans le passé des relations sexuelles «de manière passagère». L'ABBÉ PIERRE, dans son dernier livre à paraître aujourd'hui (1), avoue avoir eu des relations sexuelles avec des femmes, «de manière passagère», sans laisser le désir s'enraciner. L'an dernier, on apprenait qu'à l'adolescence «l'insurgé de Dieu» avait éprouvé une longue passion platonique pour un choriste à la voix d'ange. L'abbé Pierre est un homme généreux, aucun tabou catholique ne lui résiste. Il entend le clamer aussi fort que ses appels à plus de justice.L'aveu de ses faiblesses passagères n'occupe que quelques lignes du livre de méditations écrit avec Frédéric Lenoir, sociologue et philosophe, directeur de la rédaction au Monde des religions. Mais la grenade est amorcée, lancée dans l'enclos d'un monde catholique que l'abbé juge trop étroit. Résultat : deux hebdomadaires nationaux consacrent de longues pages au sujet, cette semaine, et l'animateur de France 3, Marc-Olivier Fogiel, s'est emparé de ce «pain bénit» médiatique. Une interview sera diffusée dimanche soir, histoire de bien lancer le débat. L'abbé s'y désole d'ailleurs que le provocateur du PAF ne s'intéresse qu'aux questions de sexe.Problème des mentalitésIl faut dire que le fondateur d'Emmaüs n'y va pas de main morte. L'aveu de ses faiblesses est l'occasion de redire son opposition au célibat obligatoire pour les prêtres. Ses écarts lui permettent aussi de manifester ouvertement de la compréhension pour les autres consacrés qui cèdent comme lui «à la tentation charnelle», une «force vitale extrêmement puissante». Mais il va plus loin. «On voit mal, dit-il, pourquoi refuser aux femmes qui s'en sentent la vocation et les capacités l'accès aux ministères ordonnés.» Il ne s'agit, selon l'abbé Pierre, que d'un «problème d'évolution des mentalités».Autre porte régulièrement enfoncée, susceptible de toucher les coeurs : la véritable nature des relations entre Jésus et Marie Madeleine. L'abbé Pierre ne voit «aucun argument théologique majeur qui interdirait à Jésus, le Verbe incarné, de connaître une expérience sexuelle», en particulier avec la prostituée la plus célèbre du monde, «la femme la plus proche de lui hormis sa mère». Que cette expérience ait eu lieu ou non «ne change rien à l'essentiel de la foi chrétienne».Personnalité célébrée par les enquêtes d'opinion, l'abbé Pierre ne veut pas passer à côté des questions d'actualité. En ce moment, l'homoparentalité occupe les esprits. Ainsi, s'il préconise aux homosexuels d'utiliser le terme «alliance» et non «mariage» pour qualifier leur union, il suggère d'attendre les avis des psychologues avant d'ouvrir la voie à l'éducation d'enfants par des parents du même sexe.Pour Frédéric Lenoir, l'abbé Pierre «prend des risques». «Des amis de longue date commencent déjà à lui tourner le dos, Rome pourrait réagir aussi...» «Mais il ne cherche en rien la polémique, assure le collaborateur et ami, il cherche simplement à montrer que le monde catholique n'est pas uniforme, aligné derrière Benoît XVI.»n «Mon Dieu... Pourquoi?» Abbé Pierre avec Frédéric Lenoir. Editions Plon.
