Annonce Le transfert de 19 prisonniers politiques à La Havane suscite l'espoir d'une libération imminente Les autorités cubaines ont transféré à La Havane dix-neuf prisonniers politiques jusqu'alors détenus en province, vendredi 26 novembre. Parmi eux se trouvent le poète et journaliste Raul Rivero et plusieurs militants du "Projet Varela", la pétition pour un référendum sur des réformes lancée par l'opposant catholique Oswaldo Paya. Ils font tous partie du "groupe des 75", condamnés en avril 2003 à de lourdes peines de prison, accusés d'être des "mercenaires" des Etats-Unis. Transférés avec leurs maigres avoirs, les détenus ont été hospitalisés, soit à la prison Combinado del Este, soit à l'hôpital militaire Carlos J. Finlay. Au lendemain de la reprise de "contacts officiels" entre La Havane et l'ambassadeur d'Espagne, jeudi, ce mouvement inattendu a suscité l'expectative d'une libération groupée. L'épouse de Raul Rivero, Blanca Reyes, a parlé au téléphone avec son mari, qui "se trouve en bonne santé", après avoir passé par un "check-up exhaustif". "Il m'a demandé des outils d'hygiène et m'a dit que nous allions nous voir dans quelques jours, a-t-elle raconté à l'agence EFE. Il était très ému, très content, mais ne m'a rien dit à propos d'un éventuel élargissement." "MONNAIE D'ÉCHANGE" A La Havane, la réaction des opposants reste prudente. Elizardo Sanchez, président de la Commission cubaine des droits de l'homme et de la réconciliation nationale (non reconnue par les autorités), n'exclut pas une "libération imminente" des détenus transférés. Elizardo Sanchez ne cesse de rappeler qu'il y a plus de 330 prisonniers politiques à Cuba. Depuis le procès du "groupe des 75", les tribunaux ont prononcé d'autres condamnations. "Je crois qu'il est possible que certains soient libérés, ce serait un geste de bonne volonté", renchérit Oswaldo Paya. Le gouvernement cubain "utilise les prisonniers politiques comme monnaie d'échange" vis-à-vis de l'Union européenne (UE), affirme Marta Beatriz Roque, la seule femme du "groupe des 75", relâchée pour motif de santé. Six autres condamnés ont bénéficié d'une mesure du même type, sans que leur peine de prison soit annulée pour autant. A la suite de la vague de répression de 2003, l'UE avait invité les opposants cubains dans les ambassades européennes lors des fêtes nationales, provoquant la colère de Fidel Castro. En représailles, les autorités avaient gelé tout contact avec les diplomates européens. Jugeant cela "inefficace", le nouveau gouvernement socialiste espagnol de José Luis Rodriguez Zapatero a plaidé auprès des Vingt-Cinq un assouplissement, pour rétablir le dialogue avec La Havane. Jusqu'à jeudi, les efforts de l'Espagne pour infléchir la position commune de l'UE n'avaient trouvé aucun écho auprès du régime castriste. La libération de Raul Rivero et de ses compagnons conforterait l'initiative de Madrid.