Liberation Le TPIY relâche l'ancien chef du renseignement de Slobodan Milosevic Mis en liberté provisoire, Jovica Stanisic doit regagner Belgrade dans l'attente de l'ouverture de son procès à La Haye.La Haye correspondanceL'ancien chef de la sécurité d'Etat de Serbie, Jovica Stanisic, a été mis en libération provisoire par le tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie (TPIY) et devrait rejoindre Belgrade sous peu.Accusé de crimes contre l'humanité pour persécution, meurtres, déportation et transferts forcés de population, tous actes commis entre 1991 et 1995 en Croatie et en Bosnie-Herzégovine, Jovica Stanisic avait été arrêté le 13 mars 2003 lors de l'opération "Sabre", un vaste coup de filet opéré après l'assassinat du premier ministre Zoran Djindjic. Trois mois plus tard, il était transféré à La Haye.Si le dossier IT-03-69-PT du procureur est apparemment ficelé, le calendrier du tribunal ne permettrait cependant pas d'examiner l'affaire avant au moins dix-huit mois.Juridiquement, le temps passé en préventive dépasserait "les délais raisonnables". Dès lors, les nombreuses préventions du procureur sont passées aux oubliettes, et la mise en liberté provisoire a été confirmée, vendredi 3 décembre.Jovica Stanisic est entré dans les services de renseignement de Serbie à 25 ans, pour en prendre la tête à 41 ans sous le régime de Slobodan Milosevic. Mais l'argument n'a pas pesé dans la balance, même si, reconnaît un des enquêteurs du parquet, Jovica Stanisic "a les moyens d'intimider des témoins", tout comme son coaccusé, Franko Simatovic, dit "Frenki", qui bénéficie d'une clémence égale et pourra lui aussi attendre le début de son procès à Belgrade.AVEC LES MILICES D'ARKANCet ancien chef des unités spéciales de la sécurité d'Etat a été cité à de nombreuses reprises dans le procès de Slobodan Milosevic. Ses unités auraient œuvré aux côtés des terribles milices d'Arkan pour répandre la terreur en Bosnie-Herzégovine. Selon le parquet, plusieurs témoins auraient, au cours de l'enquête, refusé de parler "tant que ces hommes seraient en liberté".Le procureur a mis en garde contre l'impact d'une telle décision, sans parvenir à émouvoir les juges. A Belgrade, les deux hommes devront simplement remettre leur passeport au ministre de la justice, faire rapport quotidien de leur présence. Ils ne sont autorisés à évoquer leur affaire qu'avec leurs avocats respectifs. Leur présence ne sera requise à La Haye qu'au premier jour de leur procès.Le tribunal de l'ONU a-t-il voulu faire preuve d'équité ? Auparavant, deux officiers supérieurs croates, Ivan Cermak, ancien conseiller politique de Franjo Tudjman et vice-président du Parti nationaliste croate (HDZ), et Mladen Markac, commandant dans la police spéciale, bénéficiaient, eux aussi, d'une libération provisoire.Transférés à La Haye en mars, les deux hommes sont accusés de crimes contre l'humanité et violations des lois de la guerre pour leur rôle dans l'opération "Eclair", menée en 1995 par l'armée croate pour reprendre la Krajina, alors aux mains des Serbes.Un cinquième détenu a aussi été libéré, le 2 décembre : l'officier croate Mario Cerkez, condamné à 15 ans de prison en première instance pour des crimes commis contre des Musulmans de Bosnie centrale. Dans un laconique communiqué de presse, le tribunal annonce que "sa sentence doit être révisée", mais les juges ne prononceront l'arrêt que le 17 décembre.
