Procès Le TPIY a ouvert le procès des six responsables serbes accusés de crimes contre l'humanité Dans le prétoire du Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie (TPIY), une armée d'avocats défend les six hommes alignés dans le box, tous accusés de crimes contre l'humanité et crimes de guerre commis en 1998 et 1999 au Kosovo. L'ancien président de Serbie Milan Milutinovic, l'ex-vice-premier ministre Nikola Sainovic, l'ex-chef d'état-major Dragoljub Ojdanic, les commandants Nebojsa Pavkovic et Vladimir Lazarevic, et enfin l'ex-chef de la police Sreten Lukic, ont tous agi à la solde de Slobodan Milosevic dans la "mise en oeuvre d'un plan destiné à maintenir le contrôle des Serbes sur la province pour modifier l'équilibre ethnique du Kosovo", assène dans le prétoire le procureur Thomas Hannis. Leurs opérations au Kosovo, province séparatiste du sud de la Serbie, ont entraîné des meurtres de civils et la déportation de près de 800 000 Albanais du Kosovo. Ces meurtres, attaques, viols et déportations "n'étaient pas une série d'accidents, ce n'étaient pas des coïncidences dans le cadre légitime d'une opération antiterroriste", prévient le procureur. Réprimés par le pouvoir de Belgrade, les sécessionnistes albanais s'étaient engagés dans une lutte armée dès 1998. Le conflit a pris fin en juillet 1999 à l'issue d'une campagne de bombardements de 78 jours, par l'OTAN. LENTEURS DES PROCÉDURES "Même dans les documents américains, l'Armée de libération du Kosovo (UCK) était qualifiée de force terroriste", rétorque à la cour le général Ojdanic. "Dans ce conflit, il était difficile de distinguer la guerre de la politique, la vérité de la propagande. Tout ce qui a été fait était dirigé contre l'UCK et contre l'OTAN. Pas contre les Albanais, pas contre la population civile", plaide-t-il, depuis le box occupé par Slobodan Milosevic qui servait le même discours il y a peu. Son décès, le 11 mars, n'a pas permis de connaître les conclusions des juges sur les événements du Kosovo. Pourtant, à l'ouverture de cette nouvelle affaire, les magistrats ont limité le champ d'action du procureur. Prise pour éviter les lenteurs du procès de Slobodan Milosevic, cette décision risque de laisser sans réponse judiciaire deux volets controversés de la guerre : les massacres de Racak et des prisonniers de Dubrava. Devant le Conseil de sécurité de l'ONU, le 6 juin, la procureure du TPIY, Carla Del Ponte, avait fustigé cette atteinte à l'indépendance du parquet.