Annonce Le Tangaroa sur les traces du Kon Tiki Le projet est aussi fou aujourd'hui qu'il y a 60 ans : rejoindre les atolls de Polynésie en radeau depuis la côte péruvienne, comme l'avait fait l'anthropologue Thor Heyerdhal à bord du Kon Tiki... C'est ce que compte faire l'équipage du Tangaroa, qui s'est élancé sur le Pacifique depuis le port de Lima. Près de 60 ans après l'aventure du navigateur norvégien Thor Heyerdhal, une nouvelle expédition norvégienne a quitté Lima vendredi sur le radeau Tangaroa, dans le sillage du légendaire Kon Tiki pour rejoindre en trois mois à travers l'océan Pacifique les atolls de Polynésie. Le radeau va suivre à peu près la même route que la Française Maud Fontenoy. Partant aussi de Lima, la jeune rameuse a traversé le Pacifique en janvier 2005 à bord de son embarcation Oceor pour gagner la Polynésie.A bord du radeau de balsa, six équipiers (quatre Norvégiens, un Suédois et un Péruvien) dont Olav Heyerdhal, petit-fils de l'explorateur qui avait rejoint la Polynésie 101 jours après avoir quitté le Pérou le 28 avril 1947. Son grand-père Thor (1914-2002) voulait prouver que les marins de la côte sud-américaine de l'époque pré-inca pouvaient naviguer jusqu'en Polynésie avec leurs embarcations et auraient pu être les premiers habitants de cet archipel. Même si l'expédition fut une réussite, la grande majorité des historiens estiment aujourd'hui que les anciens habitants de Polynésie sont venus d'Indonésie et non d'Amérique du sud. L'anthropologue devint nénanmoins célèbre en écrivant l'odyssée du Kon Tiki (le dieu-soleil des pré-incas), relatant son périple sur l'océan Pacifique.1.500 litres d'eau, 400 rations de l'armée, une guitare, un MP3...Olav, 28 ans, a embarqué en qualité de charpentier et plongeur. "Mon grand-père ne connaissait pas le projet avant de mourir" en 2002, a révélé le jeune homme blond, la peau tannée par le soleil. "Je ne suis pas marin, cela va être mon baptême de mer", a confié cet ingénieur en bâtiment, avouant "avoir été contacté avant tout parce qu'il avait un nom connu". Pour les trois mois de traversée, le Tangaroa a embarqué 1.500 litres d'eau et 400 rations de l'armée américaine ainsi que des sachets de viande et poisson séchés, en plus des poissons frais que ne manquera pas de pêcher Olav Heyerdhal, le plongeur de l'expédition.Assemblé "sans clou ni rivet" dans un chantier naval militaire du port de Callao, proche de Lima, le Tangaroa est formé de onze énormes troncs de balsa - bois ultra-léger servant notamment à la confection des maquettes d'avions - et mesure 17 mètres de long sur 8 de large. Un peu plus grand que le Kon Tiki, le Tangaroa - du nom d'un dieu de la mer polynésien - hisse une immense voile carrée de 90 m2, trois fois plus grande que celle de son prédécesseur. La petite cabine du radeau (5 mètres sur 3) a été confectionnée à l'aide de "totoras", ces grands joncs du lac andin Titicaca qui servent depuis les pré-incas à fabriquer des bateaux de pêche et des maisons flottantes."On travaille à 200 personnes depuis plusieurs années sur ce projet, nous avons des panneaux solaires, une éolienne, un GPS, (...) le Kon Tiki avait le meilleur pour 1947, nous, on a le meilleur pour 2006", a précisé Torgeir Higraff le chef de l'expédition. Selon lui, "les objectifs sont : faire la route en moins de jours que le Kon Tiki, prouver que le système de navigation des pré-incas fonctionnait, chercher des indices de pollutions". Soutenue notamment par le gouvernement norvégien et l'Université de Bergen, l'expédition devrait aider à créer un centre Thor Heyerdhal. "Pour les soirées sur le pont ou dans la cabine, on a pris une guitare mais j'ai quand même emporté mon MP3", ajoute Olav, le "moussaillon" du groupe.
