Annonce Le tabac bientôt interdit dans tous les lieux publics ? Le tabagisme interdit dans tous les lieux publics est au coeur d'une proposition de loi qui sera présentée à la rentrée, selon Libération. Une mesure justifiée, explique le professeur Yves Martinet, président du Comité national contre le tabagisme. "Une proposition de loi visant à interdire le tabagisme dans les lieux publics, y compris les lieux de travail, sera déposée à l'Assemblée [nationale] à la rentrée", à l'initiative d'Yves Bur, député UMP d'Alsace, a révélé Libération dans son édition de lundi. Réaction d'Yves Martinet, professeur de pneumologie au CHU de Nancy et président du Comité national contre le tabagisme (CNCT). tf1.fr : Que pensez-vous de ce projet d'interdire la cigarette dans les lieux publics ? Yves Martinet : Au CNCT, nous sommes depuis longtemps dans cette direction. En septembre dernier, nous avions indiqué que la question n'était pas de savoir si [une telle interdiction était souhaitable] mais quand. Nous soutenons l'interdiction de fumer dans les lieux publics, clos et couverts. Mais pour que cette mesure soit efficace, il faut l'expliquer et l'accompagner. Beaucoup de Français n'ont pas conscience des dangers du tabagisme passif. Au cours des deux dernières années, des études ont montré qu'il provoquait des risques cardiovasculaires très importants et quasiment immédiats. Outre cet effort d'explication, il faut aider d'abord les responsables d'entreprises à faire en sorte que cette mesure soit comprise et appliquée. Il faut aussi aider les fumeurs à arrêter la cigarette. Quand une entreprise met en place une interdiction de fumer, 4% des employés fumeurs arrêtent. tf1.fr : Les interdictions de fumer ne sont pas toujours respectées en France ; pensez-vous que cette interdiction totale le sera davantage ? Y. M. : Il est clair que dès que l'on crée des espace "ceci" et des espaces "cela", c'est très difficile à appliquer. Par contre, dès qu'il y a interdiction, on s'aperçoit que c'est facilement appliqué. Les Italiens y arrivent, les Irlandais aussi, pourquoi pas les Français ? Il faut bien comprendre que nous, les ONG, ne sommes pas des illuminés qui menons un combat solitaire : nous relayons la volonté de la majorité du public. On vole au secours de la victoire ! tf1.fr : L'interdiction de fumer dans les bars et restaurants a-t-il un impact économique ? Les avis semblent partagés sur les bénéfices pour les établissements… Y. M. : Ce que l'on sait, c'est que dans tous les pays européens, il y a eu baisse de la fréquentation des bars-cafés, en dehors des interdictions de fumer. En Irlande, la baisse a été de même nature, même s'il y a eu une reprise des ventes alimentaires : les gens ont été plus nombreux à venir manger en famille dans les pubs. A New York, l'impact est positif, avec une reprise claire de la fréquentation. Face à nous, il y a cinq ou six grosses compagnies qui veulent faire fumer un maximum de gens. Elles travaillent au corps les cafetiers et restaurateurs, en disant que pleins de bars ont fermé mais elles oublient de dire que pleins de bars [interdits à la cigarette, NDLR] ont également ouvert. L'argument économique n'est pas à négliger : il faut peut-être quelques mesures d'accompagnement. Mais les cafetiers sont malins, ils crient plus fort qu'ils ne sont nombreux. photo : archives