Mort du suicide de trois détenus relance la polémique sur Guantanamo Trois

Mort Le suicide de trois détenus relance la polémique sur Guantanamo Trois détenus de Guantanamo, deux Saoudiens et un Yéménite, ont été retrouvés pendus dans leur cellule samedi matin, a expliqué lors d'une conférence de presse téléphonique le commandant de la base navale américaine à Cuba, le contre-amiral Harry Harris. Il s'agit des premiers cas de morts par suicide signalés par l'armée depuis l'ouverture du camp en 2002. Mais 23 prisonniers avaient déjà tenté de mettre fin à leurs jours, d'autres se mutilant ou entrant en grêve de la faim. Les appels à la fermeture du camp se multiplient Amnesty International a réitéré dimanche ses appels à la fermeture du camp, soulignant que la nouvelle des trois décès était "un nouveau rappel tragique de ce que les Etats-Unis doivent mettre fin à l'état d'illégalité" à Guantanamo. C'est également l'avis du rapporteur des Nations unies sur la torture, Manfred Nowak, auteur en février d'un rapport extrêmement critique du traitement des prisonniers à Guantanamo. Le sommet Union européenne-Etats-Unis du 21 juin "serait une excellente occasion de demander la fermeture immédiate" de cette prison, a-t-il déclaré. [-] fermer Pour l'armée américaine, ces suicides de détenus, comme les tentatives passées, sont des actes de résistance. "Ils sont rusés, créatifs, résolus", a argué le contre-amiral Harris "Ils n'ont aucune considération pour la vie, que ce soit la nôtre ou la leur. Je crois qu'il ne s'agit pas d'un acte de désespoir, mais d'un acte de guerre asymétrique contre nous." "PROFONDE INQUIÉTUDE" Face à cette affaire sensible, George W. Bush a exprimé sa "profonde inquiétude". Le président américain a précisé que les corps des trois détenus seraient traités avec décence, a expliqué le porte-parole de la Maison Blanche, Tony Snow. Une enquête a été confiée au Naval Criminal Investigative Service, de la marine. Les noms des trois détenus n'ont pas été communiqués. Les défenseurs des droits de l'homme réfutent les arguments de l'armée américaine. Ces suicides sont "les derniers en date d'une longue série d'actes désespérés", a déploré le Centre pour les droits constitutionnels (CCR), où travaille de nombreux avocats défendant plus de 200 détenus de Guantanamo. Tout ce que les détenus voient, c'est "une détention aveugle, indéfinie, sans aucune possibilité de justice dans le futur", a expliqué Bill Goodman, directeur juridique du CCR, lors d'une conférence de presse téléphonique. Les détenus de la base ont pour la plupart été arrêtées en Afghanistan à l'automne 2001. Environ 760 prisonniers sont passés par Guantanamo, et sur les quelque 460 qui s'y trouvent encore, seuls 10 hommes ont été formellement inculpés et aucun n'a encore été jugé. QUE DIRA LA COUR SUPRÊME ? Les appels à fermer Guantanamo se font de plus en plus pressants à travers le monde. Vendredi, le premier ministre danois, Anders Fogh Rasmussen, un proche allié, a lui aussi évoqué la question du statut des prisonniers. "Nous voudrions voir (Guantanamo) vide", s'est défendu George W. Bush. Le président américain a expliqué qu'il attendait une décision de la Cour suprême, prévue dans les prochaines semaines, pour savoir si les tribunaux militaires d'exception instaurés par son gouvernement pour ces détenus "dangereux pour les Etats-Unis" sont légaux ou si les détenus doivent comparaître devant des tribunaux civils. Début mars, l'armée avait rendu publique une lettre qu'un détenu originaire du Bahreïn, Jumah al-Dossari, avait remise en octobre à l'un de ses avocats, avant de tenter de se suicider. "Souvenez-vous qu'il y a des centaines de détenus à Guantanamo, Cuba, qui sont dans la même situation de souffrance et d'infortune. Ils ont été capturés, torturés et détenus sans infraction ni raison (...). Quand cette tragédie va-t-elle cesser ?", écrivait-il. Les trois détenus morts samedis avaient aussi laissé des lettres. L'armée américaine n'a pas divulgué leur contenu.