Annonce Le sud de l'Europe est frappé par une grave sécheresseL'Europe de l'Ouest et celle du Sud connaissent actuellement une sécheresse importante, particulièrement marquée en Espagne, mais aussi dans l'ouest de la France. Cette situation a conduit la Commission européenne a pronostiquer une baisse de la production céréalière de l'ordre de 10 % par rapport aux chiffres records de 2004."Les régions concernées par l'actuelle sécheresse sont moins nombreuses que lors de l'extrême sécheresse de 2003 , indiquait la Commission dans un communiqué publié le 15 juillet. Toutefois, la situation dans certaines régions touchées est bien plus inquiétante qu'en 2003." Elle précisait que les terres cultivées les plus touchées se trouvent en Espagne où onze pompiers ont péri, dimanche 17 juillet, dans un vaste incendie de forêt près de Guadalajara (centre). Mais aussi au Portugal, en France, en Italie et au centre de la Grèce. Alors que, en 2003, 53 % des régions productrices de blé étaient touchées, elles ne sont "que" 27 % cette année.L'annonce de la Commission s'est traduite, lundi 18 juillet, par une hausse des cours des céréales sur les marchés européens. La Commission s'apprête cependant déjà à réviser à la baisse les chiffres publiés le 15 juillet. Selon un prochain bulletin du Centre commun de recherche d'Ispra, en Italie, doté d'un programme d'analyse des données satellitaires, le rendement du blé dur en Europe devrait baisser de 24,2 % par rapport à 2004, celui du blé tendre de 6,2 %, de 10 % pour l'orge et de 6,4 % pour le maïs grain.Au total, la production céréalière devrait s'établir à 260 millions de tonnes, soit une trentaine de millions de moins qu'en 2004, mais dans la moyenne des cinq dernières années. Les conséquences de la sécheresse ont, en effet, été partiellement compensées par de fortes précipitations à l'Est, qui ont bénéficié notamment à la Hongrie."ON N'A PAS DE MARGE""Depuis le mois d'avril, l'Espagne est en rouge sur nos écrans de contrôle, confirme Frédéric Biard, de la société Geosys, à Toulouse, spécialisée dans l'analyse des données satellitaires mesurant l'activité chlorophyllienne des plantes. On assiste là-bas à un phénomène d'ampleur et d'intensité rare." Selon cet analyste, qui fournit des cartes aux sociétés de négoce de grain, aux traders et aux assureurs, la campagne d'hiver est jouée, le colza "n'est pas du tout sinistré en France" , mais l'incertitude demeure sur le maïs, en fonction des autorisations d'irrigation. "Il faut rester vigilant car on n'a pas de marge" , conclut-il.Au Service central d'études économiques et statistiques du ministère français de l'agriculture, on confirme que le rendement des céréales "est un peu en dessous de l'année dernière, sans que ce soit catastrophique." En Poitou-Charentes, région particulièrement touchée par la sécheresse, les agriculteurs avaient anticipé le phénomène, au sortir d'un hiver sec, en réduisant de 15 % les emblavures en maïs, particulièrement gourmand en eau.En visite dans la Charente-Maritime, lundi 18 juillet, Jacques Chirac a invité les Français "à la vigilance" dans l'utilisation de l'eau. Mais il s'est voulu rassurant : "Il n'y a pas de préoccupation particulière sur le plan national, pour le moment, ni pour l'eau potable, ni pour l'industrie ou la production énergétique" , a déclaré le chef de l'Etat, s'attirant les foudres de l'Union française des consommateurs-Que Choisir, qui dénonce "la politique de l'autruche du gouvernement" . L'association réclame l'adoption d'une écotaxe applicable au monde agricole et indexée sur la consommation d'eau. La Fédération nationale des syndicats d'exploitants agricoles (FNSEA) s'est pour sa part félicitée de l'intérêt de M. Chirac pour la gestion de l'eau.En période estivale, les agriculteurs utilisent 79 % de l'eau consommée en France. Viennent ensuite les usagers d'eau potable (10 %), les producteurs d'énergie comme EDF (9 %) et les industriels (2 %). En France, 52 des 96 départements métropolitains sont concernés par des mesures de restriction d'eau, indique le ministère de l'écologie. En Poitou-Charentes, la situation est jugée pire qu'en 1976, année où le gouvernement avait instauré un "impôt sécheresse".AIR CHAUD "EN EMBUSCADE"Cette sécheresse est-elle due au réchauffement climatique prédit par les climatologues ? L'Europe s'est réchauffée de 0,95 0C depuis 1900. Les modèles dessinent une augmentation moyenne de 2 0C à 6,3 0C d'ici 2100, contre une fourchette de 1,4 0C à 5,8 0C pour l'ensemble de la planète. Les précipitations devraient augmenter de 1 % à 2 % par décennie en Europe septentrionale, mais baisser de 1 % par décennie dans le Sud avec des chutes de 5 % en été.Dans l'immédiat, Météo France prévoit des précipitations au nord, dans les pays scandinaves. La Roumanie a connu, elle, plusieurs jours d'inondations meurtrières. A court terme, un système "estival", sans excès de température, devrait s'installer. L'Espagne et la moitié sud de la France devraient cependant continuer à connaître de fortes chaleurs. En Afrique du Nord, où la sécheresse sévit il faisait 41 0C à Tunis lundi , des masses d'air très chaudes restent "en embuscade" , note un analyste de Météo France, et de nouvelles vagues de chaleur "ne sont pas impossibles sur l'Europe" .
