Annonce Le souverain marocain a limogé Hamidou Laânigri, figure de la vieille garde.Mohammed VI dynamite ses services de sécurité Inefficacité dans la lutte antiterroriste menée depuis les attentat sanglants de Casablanca en 2003 et complicité dans le trafic de drogue... L roi Mohammed VI, qui semble vouloir prendre ces deux problèmes à bras l corps, s'est lancé dans un sérieux ménage au sein des appareils sécuritaires Si, dès fin août, le chef des services de renseignements militaires, l général Belbachir, était démis de ses fonctions, c'est le limogeage, mercredi du général Hamidou Laânigri qui a eu l'effet d'un coup de tonnerre. A 63 ans le directeur général du DGSN (Direction générale de la sécurité nationale) était considéré comme le Monsieur Sécurité du royaume. Et comme un bo connaisseur des affaires extérieures pour avoir été, pendant des années, l numéro 2 de la DGED, le service d'espionnage marocain. Sa nomination à u poste de second rang inspecteur général des Forces auxiliaires ne laiss aucun doute quant à la volonté du roi de l'écarter. Si des ONG marocaine l'ont souvent accusé de «dérives sécuritaires», ce n'est pas là qu'il faut chercher les raisons de son étoile qui pâlissait depuis déjà quelques mois.Infiltration. Les ratés de la lutte antiterroriste y ont en revanche largement contribué. Le démantèlement fin août d'une cellule terroriste de 56 membres nommée Ansar el-Mehdi qui projetait de multiplier les attentats contre des installations de l'Etat et différentes personnalités au Maroc a créé de sérieux remous. Car ce réseau avait recruté neuf membres au moins de la police et de l'armée. Accusé de n'avoir su empêcher l'infiltration des rangs de l'armée par les islamistes, le général Belbachir a été remplacé par le colonel Maaiche, qui a été chargé de réorganiser les services de renseignements militaires démantelés dans la foulée. C'était un mauvais point pour le général Laânigri : Belbachir et un commissaire des Renseignements généraux, lui aussi limogé, comptaient parmi ses proches.La chute d'un baron de la drogue, Mohammed Kharraz, arrêté dans un village du Rif le 25 août et qui s'est vite «mis à table», semble avoir fait le reste. Ses confidences après son arrestation-événement il était un intouchable parmi les gros bonnets de la drogue dans un Maroc principal producteur de haschisch à destination de l'Europe ont sans doute enfoncé un peu plus le général Laânigri. Car, là aussi, un des douze responsables marocains officiers de gendarmerie, de la police et du ministère de l'Intérieur mis en cause par Kharraz dans des trafics de drogue à Tanger et à Casablanca était l'un des proches du patron de la DGSN : Abdelaziz Izzou, ex-chef de la police judiciaire de Tanger de 1996 à 2003 et directeur actuel de la... sécurité des palais royaux, qui a été immédiatement démis par Mohammed VI.Fourmilière. Si l'existence de réseaux salafistes au Maroc est aussi patente que les complicités haut placées dans le trafic de drogue, la surprise réside à la fois dans la volonté de Mohammed VI de donner un coup de pied dans la fourmilière et dans la publicité qui accompagne cette «moralisation de la vie publique». «Pourquoi cacher que des petites cellules salafistes tentent d'agir chez nous comme dans les autres pays de la région, ou que le Maroc ne veut pas devenir la Colombie», avance un responsable marocain. La réalité est sans doute moins angélique. Si Rabat prend un (mini) risque en médiatisant des informations susceptibles de jeter un froid dans un pays touristique, celles-ci permettent aussi de légitimer la prise de mesures de sécurité drastiques et de mettre indirectement en garde les Marocains de ne pas succomber aux sirènes islamistes à quelques mois des législatives.Mais, au-delà, tout se passe comme si le roi prenait le pouvoir six ans après la mort de Hassan II en réorganisant les appareils sécuritaires. Ainsi, ce sont des civils et des hommes de sa génération ou à peine plus âgés, souvent même ses très proches à l'instar de Fouad Ali Himma, son homme de confiance, ou du nouveau patron de la DGED connu pour son intégrité, Yacine Mansouri , qui sont nommés à la tête des services de sécurité. Comme pour réduire l'influence de l'armée dans ces questions sensibles pour un pays qui a connu plusieurs tentatives de coups d'Etat. C'est aussi l'ex-gouverneur de Laayoune, principale ville du Sahara occidental, Charki Draiss, 51 ans, qui succède au général Laânigri.
