Crise Le sous-commandant Marcos décrète l'alerte rouge et la mobilisation générale au Chiapas Pour la première fois depuis huit ans, le chef de l'Armée zapatiste de libération nationale (EZLN), le sous-commandant Marcos, a décrété l'alerte rouge et la mobilisation générale au sein de ses rangs, sans expliciter ses intentions. L'EZLN s'est réorganisée et est capable de faire face à "une attaque ou une action de l'ennemi qui décapiterait la direction actuelle ou tenterait de nous annihiler complètement", explique-t-il dans un communiqué. La guérilla zapatiste, ajoute-t-il, est prête à franchir "une nouvelle étape dans la lutte" et à faire des sacrifices. L'alerte rouge se limite à la région montagneuse du Chiapas, dans le sud-est du Mexique, sous contrôle des zapatistes depuis le soulèvement du 1er janvier 1994. Le commandement de l'EZLN a ordonné la mobilisation générale, et tous ses membres ont été placés en état d'alerte. Le texte annonce aussi la fermeture des "comités de bon gouvernement", les municipalités autonomes zapatistes. Les zapatistes ont appelé les nombreuses ONG mexicaines et internationales, ainsi que les pensionnaires des campemements zapatistes à "quitter les territoires rebelles ou, si c'est leur volonté, d'y rester à leurs risques et périls". SPÉCULATIONS ET TENSION POLITIQUE L'annonce a pris tout le monde de court au Mexique. Elle a provoqué de nombreuses spéculations et une certaine tension politique, d'autant que le dirigeant zapatiste n'a donné aucun motif pour les "actions futures" qu'il promet de mener. Mardi, le ministère de l'intérieur mexicain a assuré que tout était "parfaitement normal" dans la zone contrôlée par les forces zapatistes. Luis Alvarez, l'émissaire du président mexicain, Vicente Fox, au Chiapas, "ne voit pas de raison pour cette alerte rouge". "Les zapatistes nous ont habitués à dire ce qu'ils font et à faire ce qu'ils disent. Les gens ne les croient pas forcément et ensuite ils sont surpris", a averti Luis Hernandez Navarro dans La Jornada, journal qui relaie habituellement le discours des zapatistes. L'EZLN occupe depuis près de douze une région forestière du Chiapas, sans que le gouvernement cherche à les déloger. Depuis 1995, ces régions n'ont pas connu d'affrontements armées entre, d'un côté, les zapatistes, et de l'autre, les forces gouvernementales et les paramilitaires