Annonce Le sommet de Nairobi s'est ouvert "pour un monde sans mines" Un "sommet pour un monde sans mines", destiné à faire le point sur l'utilisation des mines antipersonnel cinq ans après l'entrée en vigueur d'un traité les interdisant, a débuté dimanche à Nairobi. Le président kényan, Mwai Kibaki, a appelé, dimanche 28 novembre à Nairobi, les pays non-signataires de l'accord d'Ottawa à accepter ce traité interdisant les mines antipersonnel, lors d'un "sommet pour un monde sans mines" dont étaient absents les Etats-Unis. "J'appelle les pays qui ne font pas partie de la Convention d'Ottawa de 1997 à nous rejoindre et à détruire leurs stocks de mines", a-t-il déclaré dans un discours prononcé à l'ouverture du sommet, devant près d'un millier de délégués. Il n'a nommé aucun pays mais 42 Etats restent toujours en dehors du traité d'Ottawa, dont les Etats-Unis, la Chine et la Russie. Cent quarante-trois Etats ont en revanche déjà ratifié le traité sur les mines anti-personnel, qui interdit l'utilisation, la production, le stockage et les transferts de mines anti-personnel et qui demande le déminage des zones touchées dans un délai de 10 ans. Le sommet de Nairobi est destiné à faire le point sur l'utilisation des mines antipersonnel, qui tuent une personne toutes les 22 minutes dans le monde, cinq ans après l'entrée en vigueur du traité d'Ottawa. "Tous les pays africains, à l'exception de quatre, font partie de la Convention. C'est une preuve claire de l'engagement du continent à détruire tous les stocks de mines", s'est félicité le chef de l'Etat kényan, même si l'Afrique reste le continent le plus "miné". Vendredi, l'acteur américain Danny Glover, connu comme le partenaire de Mel Gibson dans la saga L'Arme fatale, s'était dit "embarrassé et en colère en tant que citoyen américain, de voir que les Etats-Unis n'ont pas ratifié le traité" interdisant l'usage des mines. "C'est irresponsable de la part de mon pays, a-t-il estimé. En réalité, si un pays dit avoir un leadership dans la promotion de la paix, dans ce cas l'interdiction des mines anti-personnel devrait figurer en bonne place dans son programme." L'acteur américain était en Ethiopie pour sa première mission en tant qu'ambassadeur de bonne volonté pour l'Unicef, afin de "rappeler que l'Ethiopie est le 10e pays au monde le plus touché par les mines". LES MINES "NÉCESSAIRES", SELON WASHINGTON Les Etats-Unis ont promis de continuer à coopérer au déminage de zones touchées par les mines antipersonnel mais n'ont toujours pas l'intention d'adhérer à la Convention d'Ottawa. Le Pentagone juge en effet "nécessaire" de disposer de mines anti-personnel "pour protéger des militaires américains, des militaires de forces alliées ou des civils". La position américaine a été exposée dimanche dans The Nation, le plus gros tirage du Kenya. Mais dans le même temps, le président américain, George W. Bush, a décidé que les forces armées américaines n'utiliseraient plus à partir de 2010 de mines anti-personnel et anti-véhicule qui ne se désactivent pas au bout d'un certain temps. Malgré les réticences de Washington et de quelques autres pays, la lutte contre les mines avance à grands pas. De 1999 à 2003, plus de quatre millions de mines antipersonnel, dont la spécificité est d'exploser lorsque l'on pose le pied dessus, ont été détruites, selon le rapport 2004 de l'Observatoire des mines. Le nombre de victimes a aussi diminué sensiblement : de 26 000 par an dans les années 1990 à entre 15 000 et 20 000 personnes actuellement. Quelque 200 "rescapés des mines" anti-personnel venus du monde entier ont appelé dimanche à Nairobi les gouvernement signataires du traité d'Ottawa à les aider à s'intégrer dans la société malgré leur handicap. Dans une déclaration commune, ils ont appelé les autorités à "intégrer les programmes d'assistance destinés aux rescapés dans les politiques de santé et les programmes de développement". Les rescapés ont insisté pour "être traités sur un pied d'égalité comme tous les autres membres de la société et ne pas souffrir de discrimination", notamment pour l'obtention d'un emploi. Selon l'organisation Handicap International, 86 % des personnes tuées par des mines sont des civils, dont au moins 25 % sont des enfants qui ont "joué" avec des mines.