Annonce Le skieur américain Bode Miller prend la tête du classement général de la Coupe du monde Signer des autographes sans ôter ses moufles ? Pour Bode Miller, c'est naturel. Le skieur américain, âgé de 30 ans, continue de cultiver farouchement sa différence avec une insolente réussite. Depuis son divorce par consentement mutuel avec son équipe nationale au printemps 2007 et la constitution de sa propre structure d'entraînement, Team America, le fantasque glisseur du New Hampshire enchaîne victoires et podiums.Jean-Baptiste Grange 6e du super combinéJulien Lizeroux et Jean-Baptiste Grange se sont classés 5e et 6e du super combiné remporté par Bode Miller, dimanche 27 janvier, aux Houches (Haute-Savoie), en signant le meilleur temps ex-aequo de la manche de slalom.Respectivement 36e et 42e de la descente le matin, les deux Français, déçus, s'étaient juré de "tout donner" devant un public qu'ils retrouveront les 2 et 3 février à Val-d'Isère pour l'épreuve de Coupe du monde servant de tests aux championnats du monde prévus dans la station savoyarde en février 2009.Partis tous deux avec plus de trois secondes de retard sur Bode Miller, déjà en tête à l'issue de la descente, Julien Lizeroux a terminé à 1 seconde 72 centièmes de l'Américain, un dixième devant Jean-Baptiste Grange. "Je n'ai jamais été bon en descente mais jamais mauvais non plus et c'est une discipline que j'ai toujours pratiqué", a expliqué le Plagnard Julien Lizeroux, avant tout excellent slalomeur.Vainqueur de trois slaloms et d'un super combiné cette saison, Jean-Baptiste Grange est 4e au classement général provisoire de la Coupe du monde, avec 676 points.[-] fermerDimanche 27 janvier, il a signé son 4e succès de la saison en s'imposant dans le super-combiné (une descente raccourcie suivie d'une manche de slalom) de la 60e édition du Kandahar. Mieux, Bode Miller a repris à la faveur de ce week-end la tête du classement général provisoire à l'Autrichien Benjamin Raich (967 points contre 905), seulement 18e dimanche : une position qu'il n'avait plus occupée depuis sa victoire en 2004-2005.Comme à son habitude, il râlait pourtant dimanche. La "verte des Houches" et les quelques modifications de l'habituel tracé auraient, par exemple, brimé son talent créatif dans l'épreuve de descente, dont il avait terminé 7e la veille. "On ne peut y produire beaucoup de vitesse, a-t-il lâché. Deux petites fautes et on retrouve devant soi des gars..."Bode Miller a également déploré un réveil difficile après avoir fait un tonneau dans l'entraînement du slalom, samedi après-midi. L'atterrissage lui a causé une sévère contusion sur le haut de la cuisse gauche et a troué sa combinaison. Une excuse recevable pour se dispenser de la reconnaissance de la descente du super-combiné, exercice qu'il abhorre et esquive, quand la plupart de ses collègues inspectent chaque centimètre carré de neige. "Je connais la piste et la météo était stable", a-t-il coupé.Ainsi va Bode Miller, jamais plus costaud que dans l'adversité. "La douleur donne finalement un avantage, a-t-il admis dimanche. Physiquement, tu es moins bien, mais mentalement elle crée un défi supplémentaire intéressant."Il s'en est déjà lancé un de taille en jouant les francs-tireurs cette saison, même si, conformément au règlement de la Coupe du monde, il porte encore la combinaison de l'équipe américaine en course. Bode Miller a toujours reproché au ski alpin son caractère paradoxal de sport individuel contraignant aux lourdeurs de la vie de groupe : un aspect insupportable pour qui a poussé comme une herbe folle en pleine nature.Les Jeux olympiques de Turin, dont il était rentré bredouille en février 2006 - alors qu'on l'avait prédit multi-médaillé - avec la désastreuse image de pilier de boîte de nuit, ont achevé de sceller son désaccord avec le système en place. En représailles, il avait entre autres écopé d'une interdiction de dormir dans le mobile home privé dont il avait fait ses quartiers sur le circuit de la Coupe du monde. Il l'a réintégré en y ajoutant un bus pour transporter et loger la demi-douzaine de personnes qui composent désormais son staff.On y retrouve entre autre John McBride - ancien chef du groupe de vitesse américain qui fut toujours son interlocuteur privilégié -, son oncle - ex-skieur de Coupe du monde - et deux techniciens diligentés par son équipementier. "Et je gagne, observe Miller. Pas encore autant que je le voudrais, mais je sais que ma méthode est bonne." Dans ses bagages, il trimballe pêle-mêle ses produits dérivés vendus sur les sites de compétition sous une petite tente et ses propres appareils de musculation et de cardio-training. "Je demandais en vain cela à l'équipe depuis dix ans, explique-t-il. C'est ridicule à notre niveau de devoir aller dans des gymnases d'école."Son retour à l'indépendance semble avoir également libéré l'équipe américaine qui était usée par son individualisme et sa propension à focaliser l'attention. Même Phil McNichol, le patron des skieurs américains, débarrassé d'interminables joutes verbales avec son leader, paraît rajeuni. Et samedi 26 janvier, le Californien Marco Sullivan, âgé de 27 ans, s'est imposé dans la descente.
