Anniversaire Le service parisien des objets trouvés fête ses 200 ansUne langouste naturalisée retrouvée il y a dix ans à l'aéroport d'Orly, une urne funéraire perdue à la station de métro Père-Lachaise, des centaines de téléphones portables, papiers d'identité, clés, peluches, jeux de type Game Boy, valises ou parapluies : ce sont quelques-uns des objets hétéroclites que l'on peut retrouver au service des objets trouvés de la préfecture de police de Paris, créé il y a deux cents ans. Unique parmi les capitales européennes "par son importance et son rôle centralisateur", selon son directeur Jean-Michel Ingrandt, le service est installé depuis 1939 rue des Morillons, à Paris (15e) et compte actuellement 43 employés. Il recueille et centralise les objets égarés à Paris et dans les trois départements limitrophes (Hauts-de-Seine, Seine-Saint-Denis, Val-de-Marne) dans la rue, les taxis, les aéroports, le métro ou les gares. Le service restitue chaque jour 100 à 150 biens aux particuliers, selon M. Ingrandt, et stocke en permanence 70 000 pièces. La plupart sont "sans valeur", dit-il, mais il y a aussi des lingots d'or, bijoux, titres divers ou des sommes d'argent en liquide qui sont enfermés dans une salle dotée d'un coffre-fort et jalousement gardée. Les objets jamais réclamés par leur propriétaire sont exposés au sous-sol du service, qui s'ouvre rarement aux curieux. "L'étourderie de nos concitoyens n'a pas de limite", témoigne Jean-Pierre, un employé du service. "On pourrait y ajouter, mais nous ne le faisons pas, des dentiers ou des objets à caractère sexuel ou mystique. Il n'est pas rare que nous retrouvions des sacs à main, d'hommes et de femmes, remplis uniquement de préservatifs et qui seraient dignes d'entrer au musée car ils sont rarement réclamés par leurs propriétaires."INFORMATISATION ET INVESTIGATIONEn 2004, 173 000 objets ont été déposés, dont plus de 100 000 n'ont pas été "identifiés" , ne mentionnant pas d'adresse. 43 000 ont été restitués à leur propriétaire, le pourcentage global de restitution étant estimé à 25 %. Le délai de conservation varie selon la valeur : un an pour tout bien supérieur ou égal à 50 euros, trois mois pour ceux inférieurs à cette somme. Passé ce délai, moyennant quelques mois d'attente supplémentaires, il est à la disposition de celui qui l'a trouvé, s'il le demande. Le service a annoncé par ailleurs qu'il s'était "modernisé", ainsi que l'a constaté sur place, jeudi 12 mai, jour anniversaire du service, l'actuel préfet de police Pierre Mutz, "en s'informatisant". Il s'agit, selon ses responsables, de "faciliter les démarches des usagers", autrefois longues et fastidieuses. Une "cellule d'investigation" destinée à retrouver les propriétaires d'objets non identifiés a été créée. Ses trois employés ont pour mission de "se transformer en détectives", selon le directeur, notamment pour les touristes étrangers, en lien avec les ambassades.
