Élection Le sénateur de gauche Giorgio Napolitano a été élu président de la République italienne Le sénateur de centre gauche Giorgio Napolitano, 80 ans, a été élu président de la République italienne, mercredi 10 mai, au quatrième tour de scrutin. Contrairement aux trois premiers votes, qui exigeaient une majorité qualifiée des deux tiers des 1 010 grands électeurs réunis à la Chambre des députés, le successeur de Carlo Azeglio Ciampi, dont le mandat arrive à échéance le 18 mai, pouvait être désigné à la majorité simple, soit 506 voix, alors que la coalition de gauche est forte de 545 électeurs. "Nous avons décidé ensemble de voter pour Giorgio Napolitano, la décision a été rapide et unanime. J'espère que le consensus sera le plus large possible", a déclaré Romano Prodi, mardi soir, à l'issue d'une réunion des leaders de la gauche. Au cours des précédents scrutins, les deux blocs ont voté blanc, afin de laisser une chance au dialogue pour une candidature de consensus. Cette personnalité providentielle restant introuvable, l'opposition conduite par Silvio Berlusconi a paru un moment encline à voter en faveur de M. Napolitano, jusqu'au veto brandi par la Ligue du Nord, la plus petite des quatre principales composantes du centre droit. Le parti populiste reproche à Giorgio Napolitano d'avoir autorisé une perquisition de son siège milanais quand il était ministre de l'intérieur. L'élection de cet octogénaire pourrait fragiliser l'opposition, restée unie malgré la défaite électorale. Le parti Alliance nationale (AN, droite conservatrice) de Gianfranco Fini s'est aligné sur la position de Silvio Berlusconi et va voter blanc, renonçant finalement à soutenir ouvertement le candidat de centre gauche. "Notre électorat ne comprendrait pas, c'est un gentilhomme certes, mais un communiste", a expliqué Daniela Santanchè, l'une des cadres d'AN. En revanche, le passé de cet ancien responsable du Parti communiste italien (PCI), artisan de la ligne réformiste dans les années 1980, avant d'adhérer au parti des démocrates de gauche (DS) après l'éclatement du PCI en 1991, ne rebute pas les centristes. Pour le patron de l'Union des démocrates du centre (UDC), Pier Ferdinando Casini, la consigne donnée par M. Berlusconi de voter blanc "est une erreur". Il espérait au contraire "voir mûrir une large convergence sur le nom de Giorgio Napolitano". Un casus belli pour Roberto Maroni, dirigeant de la Ligue du Nord. "Si l'UDC vote, l'alliance n'existe plus", a-t-il prévenu. L'accession de M. Napolitano au palais du Quirinal devrait, à l'inverse, rasséréner la coalition de M. Prodi, puisque les DS, principal parti de la gauche, n'avaient encore obtenu aucune des grandes charges de l'Etat. Ancien président de la Chambre des députés de 1992 à 1994, puis ministre de l'intérieur de 1996 à 1998, nommé sénateur à vie en 2001, M. Napolitano aura une tâche délicate à la tête d'un pays divisé. Le rôle du président en Italie est surtout honorifique et moral, mais c'est lui qui désigne le chef du gouvernement, dissout le Parlement et convoque des élections anticipées en cas de crise politique. Autant de prérogatives essentielles quand la majorité est aussi ténue que celle du futur exécutif.