Annonce Le Sénat américain vote 10,5 milliards en faveur des secours en Louisiane La Nouvelle-Orléans, les victimes de l'ouragan montrent des signes de frustration croissants face à la lenteur, et dans certains cas la confusion, des opérations de secours et d'évacuation. "C'est un SOS désespéré. A l'heure qu'il est, nous n'avons plus de ressources (...) et ne pouvons pas compter sur des cars en nombre suffisant", a déclaré le maire de la ville, Ray Nagin. Jusqu'à 300 000 personnes pourraient encore devoir être évacuées de la région du sud-est de la Louisiane, selon la gouverneure de l'Etat, Kathleen Blanco. Elle a souligné, jeudi, que les personnes à évacuer ne provenaient pas uniquement de La Nouvelle-Orléans, où, selon des estimations, 200 000 personnes seraient toujours présentes. Les autorités ont admis, jeudi, que des milliers de personnes avaient sans doute été tuées lors du passage du cyclone en Louisiane. Le responsable des services d'urgence dans la zone, le sous-secrétaire à la sécurité intérieure, Michael Brown, a assuré que tout survivant identifié, même s'il ne pouvait pas être immédiatement secouru, recevrait des rations de survie. Quelques personnes ont reçu des largages par avion, notamment dans des zones reculées de l'Etat rural du Mississippi, tandis que d'autres ont bénéficié de colis déposés par hélicoptère, a-t-il dit. "S'il y a des gens dont nous n'avons pas connaissance, et s'ils n'ont [ni eau ni nourriture], je ne sais pas combien de temps ils pourront encore tenir." La Louisiane est en grande partie inondée et privée de courant, les hôpitaux s'efforcent d'évacuer des patients gravement malades. Mais une tentative d'évacuation de patients a été contrariée par des tirs sur des médecins et sur des soldats de la garde nationale qui ont dû battre en retraite dans l'hôpital. Des experts ont en outre rappelé les risques de maladies qui risquaient de se déclarer du fait de l'omniprésence d'eaux sales où les déchets le disputent aux cadavres et aux excréments humains. Des équipes de secouristes continuent à sillonner les rues pour aider d'éventuels rescapés dont certains se sont perchés sur les toits et d'autres lieux surélevés. Ils continuent à trouver des personnes vivantes dans les maisons sinistrées, mais aussi de nombreux cadavres abandonnés sur place. Du Superdome, le grand stade couvert de La Nouvelle-Orléans où des millliers de personnes étaient venus se mettre à l'abri avant le passage de Katrina, émanent les récits les plus terribles. "Les derniers jours (au Superdome) ont été un enfer absolu", raconte Baron Duncan, 42 ans, un Louisianais. Depuis quatre jours, les réfugiés du Superdome ont vécu dans une chaleur et une humidité accablantes, sans nourriture, ni eau, ni sanitaire et souvent dans la peur. Selon M. Duncan, les nuits dans le Superdome étaient les pires : "L'odeur était insoutenable. Nous étions traités comme des animaux", dit-il. "Il y avait des tirs, nos vies étaient en danger. Une petite fille de 7 ans et un garçon de 8 ans ont été violés", raconte-t-il. Un responsable de la garde nationale, le colonel Pete Schneider a indiqué qu'il n'y avait pas de confirmation de viols. Un policier servant depuis treize ans à La Nouvelle-Orléans dit son dégoût : "La mairie savait depuis longtemps que quelque chose comme ça pourrait se produire. Mais rien n'a été fait." "Des gens ont été violés ici. Des gens ont été tués ici. Nous avons vu plusieurs émeutes", affirme-t-il. "Les gens qui étaient enfermés dans le stade se sentaient prisonniers", dit-il. Norma Blanco Johnson attend un autobus avec sa fille et sa petite-fille, encore bébé. Elle est sans nouvelle de ses trois fils. "Je ne sais pas ce qui leur est arrivé", dit-elle. De son séjour au Superdome, elle dit : "Ce n'est pas une façon de traiter des êtres humains. J'ai tout perdu et on m'a envoyée en enfer. Je n'ai nulle part où aller et je n'ai plus que ça" dit-elle, en montrant les vêtements qu'elle porte.