Annonce Le Sénat américain brave une menace de veto de M. Bush sur les cellules-souches embryonnaires Le Sénat américain a ouvertement défié le président George W. Bush en se prononçant, mardi 18 juillet, en faveur de la recherche sur les cellules-souches embryonnaires, par l'adoption d'un projet de loi presque assuré d'être bloqué par un veto présidentiel. Ce texte, qui vise à lever les limites du financement sur fonds fédéraux de la recherche sur les cellules-souches embryonnaires, a été adopté par 63 voix contre 37. La Maison Blanche avait réaffirmé, quelques heures plus tôt, que M. Bush userait de l'arme du veto pour la première fois de sa présidence, tant il juge "immoral" ce texte visant à assouplir les limites posées voilà cinq ans à la recherche sur les cellules-souches embryonnaires."Le président croit fermement qu'il n'est pas correct que le gouvernement fédéral, au nom de la recherche, finance ce que beaucoup considèrent comme un meurtre", a expliqué le porte-parole de M. Bush, Tony Snow. M. Bush, ainsi que l'Eglise catholique et la droite religieuse, estiment que les embryons surnuméraires in vitro utilisés par la recherche sur les cellules-souches représentent déjà un début de vie humaine. Les partisans de la recherche sur les cellules-souches embryonnaires expliquent, au contraire, qu'il s'agit d'utiliser des embryons in vitro surnuméraires promis à la destruction pour faire avancer la lutte contre des maladies comme le diabète, le cancer ou la maladie d'Alzheimer. "CE N'EST QU'UNE QUESTION DE TEMPS" Les appels se sont multipliés immédiatement après le vote pour que M. Bush retire sa menace de veto. Les chefs de l'opposition au Sénat et à la Chambre des représentants, Harry Reid et Nancy Pelosi, ont écrit au président pour lui demander de rencontrer des experts, des patients et des religieux avant de prendre sa décision. "Avec ou sans ce président, la recherche sur les cellules-souches va avoir lieu, ce n'est qu'une question de temps", a assuré le démocrate Edward Kennedy. Si M. Bush oppose son veto, "nous reviendrons, encore et encore et encore", a-t-il promis. Près des trois quarts des Américains se déclarent favorables au développement de la recherche médicale sur les cellules-souches, et à moins de quatre mois d'élections parlementaires très disputées, l'opposition démocrate n'hésite pas à faire de la bioéthique un thème de campagne. "Nous avons les thérapies parmi les plus innovantes au bout des doigts mais, pour des raisons politiciennes, elles pourraient rester hors d'atteinte", a regretté, mardi, l'ancien candidat démocrate à la présidentielle John Kerry. Alors qu'actuellement les chercheurs ne peuvent utiliser des fonds fédéraux que pour travailler sur des colonies de cellules-souches cultivées avant août 2001, dont beaucoup sont désormais inutilisables, le projet de loi adopté par le Sénat leur permettrait de travailler sur du matériel plus récent. LE CALENDRIER Le veto de M. Bush pourrait intervenir dès mercredi. La Chambre des représentants devrait organiser le même jour un nouveau vote sur le texte, qui, en toute probabilité, ne devrait pas recueillir la majorité des deux tiers nécessaire pour passer outre l'opposition présidentielle. Le texte n'a pas, non plus, recueilli une majorité des deux tiers au Sénat, où elle est fixée à 67 voix. M. Bush devrait, en revanche, rapidement promulguer un autre texte de bioéthique, adopté à l'unanimité au Sénat puis à la Chambre des représentants mardi. Il vise à "interdire l'acceptation ou la recherche de tissus issus de fœtus spécialement développés pour les besoins de la recherche". Un autre texte, portant sur le développement de la recherche sur les cellules "pluripotentes" (capables de produire les différents tissus de l'organisme) ne nécessitant pas la destruction d'embryons – mais jugées moins prometteuses que les cellules embryonnaires par la plupart des scientifiques – a été adopté à l'unanimité du Sénat mais a échoué à la Chambre des représentants, où il n'a pas obtenu les deux tiers des voix requis.