Adoption Le Sénat adopte le droit au "laisser mourir" Le Parlement a tranché définitivement dans la nuit du mardi 12 au mercredi 13 avril sur la fin de vie en refusant de légaliser l'euthanasie, mais en instaurant un droitau " laisser mourir". Finalement, le Sénat s'est rallié à la version votée à la quasi-unanimité par l'Assemblée, au terme d'un débat très agité marqué par une demande de seconde délibération du gouvernement, et par l'absence au moment du vote des sénateurs PS, PCF et UDF. En début d'après-midi, à l'ouverture des débats, ce vote définitif ne semblait pas acquis, le président de la commission des affaires sociales du Sénat, Nicolas About (UDF), ayant annoncé son intention d'amender le texte. A la reprise en début de soirée, M. About était absent. Ses amendements n'ont par conséquent pas été défendus, levant de fait les principaux obstacles à un vote dans les mêmes termes. Mais cette absence a aussitôt entraîné de forts remous. Un amendement d'Anne-Marie Payet (UDF), qui modifiait à la marge la rédaction du premier article, a même été voté de justesse contre l'avis du gouvernement. Soucieux de préserver le difficile équilibre atteint à l'Assemblée, le ministre de la santé, Philippe Douste-Blazy a, au Sénat, obtenu l'effet inverse de celui qu'il recherchait, puisque son souhait d'un vote conforme a déclenché les foudres de la gauche. "Mascarade", "oukaze", se sont écriés les sénateurs de l'opposition, en fustigeant la remise en cause du débat et des prérogatives du Sénat. DEUXIÈME DÉLIBÉRATION Pour finir, les sénateurs socialistes et communistes, après avoir plaidé pour une "aide active à mourir", sous le regard de Marie Humbert, qui souhaite aussi que le texte aille plus loin, ont quitté l'hémicycle en signe de protestation. "Tant que je serai ministre de la santé, a répondu M. Douste-Blazy, je refuserai l'euthanasie." Du coup, au lieu de l'unanimité, M. Douste-Blazy a dû demander une deuxième délibération pour obtenir la suppression du seul amendement adopté, celui de Mme Payet. Au moment du vote, les sénateurs UMP se sont retrouvés seuls à voter en faveur du texte. La proposition de loi soumise mardi au Sénat est le fruit des travaux d'une mission d'information, créée sous l'impulsion de Nadine Morano (UMP) et Gaëtan Gorce (PS), et présidée par Jean Leonetti. La création de cette mission avait été une conséquence directe de l'émotion suscitée par le décès, en septembre 2003, de Vincent Humbert, un jeune tétraplégique que sa mère, conformément à sa volonté, avait voulu aider à mourir. Plus récemment, le débat sur l'euthanasie a été relancé par le décès de l'Américaine Terri Schiavo après quinze ans de coma et une décision de justice suspendant son alimentation artificielle.