Annonce Le secteur de la santé est la cible de fraudes aux conséquences parfois mortellesFraudes, pots-de-vin, extorsions de fonds... Quel que soit le pays, les malversations sont nombreuses dans la chaîne du soin - 3 000 milliards de dollars (2 350 milliards d'euros) de dépenses annuelles dans le monde - selon le "Rapport mondial contre la corruption 2006", rendu public, mercredi 10 mai, par Transparency International, une organisation non gouvernementale spécialisée dans la lutte contre la délinquance en col blanc.L'évaluation globale de la fraude est impossible et varie selon le pays. Le rapport suggère toutefois que, si certains détournements apparaissent considérables dans les pays développés - de 11,9 à 23,2 milliards de dollars de "paiements excessifs" dans les systèmes d'assurance-maladie Medicare et Medicaid aux Etats-Unis par exemple -, la corruption au quotidien dans les pays en développement a des conséquences mortelles.Transparency International identifie plusieurs types de détournements. Tout d'abord le vol direct au niveau de l'administration : au Cambodge, par exemple, plus de 5 % du budget de la santé serait détourné avant même de quitter l'administration centrale.TRAITEMENT REMPLACÉ PAR DE L'EAULes marchés publics peuvent aussi être truqués : en Argentine, par exemple, les écarts de prix du matériel médical entre les différents hôpitaux ont diminué de moitié quand les prix payés, pour un même matériel par chaque hôpital, ont été rendus publics.Dans les pays qui disposent de systèmes d'assurance-maladie, facturations indues, patients fantômes, détournements de clientèle des hôpitaux en direction du secteur privé, génèrent des pertes de plusieurs dizaines de milliards d'euros.Dans les pays en développement, la chaîne d'approvisionnement pharmaceutique est depuis longtemps la cible de trafics lucratifs, mais aux conséquences mortelles. Au Nigeria, un traitement vital par l'adrénaline, remplacé par de l'eau et la dilution des principes actifs de certains médicaments, a ainsi contribué à l'expansion de souches résistantes du paludisme, de la tuberculose et du HIV.Enfin, les pots-de-vin et extorsions, réclamés par les médecins aux patients censés bénéficier de soins gratuits, bloquent l'accès aux soins dans de nombreux pays d'Afrique et d'Asie.Pour enrayer, autant que possible, le système, Transparency recommande la liberté d'accès aux informations-clés des politiques sanitaires, des codes de bonne conduite pour le personnel de santé et les entreprises du secteur, des règles de gestion des conflits d'intérêt dans le cadre de la certification des médicaments, la soumission des politiques de santé à des contrôles indépendants, des règles d'appels d'offres claires pour les marchés publics et une répression sans faille.
