Mort du sculpteur Arman
Mort Le sculpteur Arman est mort d'un cancer à New YorkDécoupant, empilant et entassant, transformant et assemblant fourchettes, fers à repasser, vélos, masques à gaz, voire, à Beyrouth, chars et canons décomposés ou assemblés, Arman est mort samedi d'une longue maladie. Il a largement contribué à la prise de conscience de la production de masse dans la société contemporaine.Cet artiste, qui avait participé activement à la fondation du groupe des "Nouveaux réalistes" au début des années soixante, a bien vite séduit l'establishment qui lui passera de nombreuses commandes. Il ornera ainsi l'Elysée de ses Drapeaux en 1984 et l'on peut toujours voir, dans la cour de la gare Saint-Lazare, deux de ses sculptures, empilant selon la même formule, l'une des valises, l'autre des horloges.DE PARIS À BEYROUTHEn 1992, face au célèbre restaurant gastronomique Jean Troisgros, à Roanne (centre de la France), il avait également empilé cent-vingt fourchettes baptisées "Les Gourmandes". Sa plus grande sculpture en volume avait été réalisée en 1995 sur la place des Martyrs en plein coeur de Beyrouth (Liban) : une accumulation de chars et de canons dans du béton, atteignant une trentaine de mètres de hauteur et pesant 6 000 tonnes. Il s'agissait cette fois de symboliser les désastres d'une guerre qui ravagea ce pays quinze années durant.Né à Nice le 17 novembre 1928, Arman, de son vrai nom, Armand Pierre Fernandez, avait été initié à la peinture à l'huile par son père, marchand de meubles anciens, avant de suivre les cours de l'Ecole des arts décoratifs de Nice. Son goût de l'accumulation lui venait, disait-il, d'une grand-mère qui stockait des centaines de bouchons classés par année dans des boîtes à chaussures, mais aussi de son arrière-grand-père, collectionneur de voitures anciennes.En 1949, Arman rencontre le peintre Yves Klein, niçois comme lui, avec qui il pratique le judo, et étudie la philosophie. Avec Klein et Claude Pascal, un autre peintre, il créé un an plus tard le groupe artistique Triangle. Les trois jeunes gens décident de signer leurs toiles de leurs seuls prénoms, en hommage à Vincent Van Gogh.LEADER DU NÉO-RÉALISMEC'est en 1954, qu'Arman délaisse la peinture et métamorphose ses premiers objets, les "Cachets". Devenu chef de file du nouveau réalisme, il multiplie les reconversions d'objets (Poubelles, Colères, Coupes, Accumulations, Combustions et Inclusions). Les colères de l'artiste, qui avait obtenu la double nationalité franco-américaine, deviennent célèbres. La plus retentissante a lieu en 1975, à New-York, où l'artiste s'est installé, lorsqu'il détruit à la hache et au marteau un intérieur bourgeois dans une galerie d'art.En juillet 2001, 150 de ses créations sont sélectionnées pour "La traversée des objets", l'une des plus importantes expositions consacrées à son oeuvre, à Venise, sur l'île de la Giudecca. Après avoir, une vie durant, malmené, cassé ou brûlé pianos à queue, violons, fauteuils ou voitures, ce petit bonhomme chauve et barbichu, bon vivant et père de cinq enfants, était revenu ces dernières années plus sagement à la peinture de chevalet.Arman, fait officier de la Légion d'honneur par Jacques Chirac en juin 2001, partageait son temps entre ses ateliers de Vence et de New-York