Annonce Le russe Gazprom conclut un accord "historique" avec l'italien ENIil s'agit d'un pas fondamental pour la sécurité de l'approvisionnement énergétique de notre pays." L'administrateur délégué du gazier italien ENI, Paolo Scaroni, ne mâche pas ses mots, qualifiant l'accord signé mardi 14 novembre avec le géant russe Gazprom d'"historique". Côté russe, on se félicite d'obtenir un accès direct au marché italien : "C'est la première fois que nous vendons directement du gaz en Europe continentale", souligne un porte-parole de Gazprom.Dès 2007, Gazprom pourra vendre du gaz sur le marché italien, pour un volume qui atteindra 3 milliards de m3 à partir de 2010 et jusqu'à l'expiration du contrat en 2035. Jusqu'à présent, ENI, premier client du groupe russe, vendait sous sa bannière la totalité du gaz acheté à Gazprom. Sans dire sous quelle forme exacte Gazprom serait présent en Italie, ENI a cependant précisé que le Russe n'entrerait pas au capital de SNAM Rete Gas, la société italienne de transport de gaz. Mais Gazprom pourrait entrer comme actionnaire minoritaire dans Enipower, une filiale spécialisée dans la production d'électricité, forte consommatrice de gaz. Pour Gazprom, il s'agit d'un pas de plus dans la conquête du marché européen, sur lequel il veut vendre son gaz directement au consommateur final. Pour l'heure, Gazprom livre à l'Europe 26 % du gaz qu'elle consomme. Mais le géant russe n'est pas encore parvenu à contrôler la chaîne de distribution, les Européens craignant une trop grande dépendance envers le groupe semi-public. LE GOUVERNEMENT ITALIEN SURVEILLE LES "CONDITIONS DE RÉCIPROCITÉ" L'accord avec ENI était en discussion depuis plusieurs mois mais sa conclusion initialement prévue pour le 15 octobre avait dû être retardée, l'Italien s'inquiétant des difficultés rencontrées par les compagnies pétrolières occidentales pour travailler en Russie. Mais mardi 14 novembre, le patron d'ENI s'est montré confiant : "Cet accord ne nous préoccupe pas sous l'angle de la concurrence." Le ministre du développement économique italien, Pierluigi Bersani, a d'ores et déjà prévenu qu'il sera très attentif aux"conditions de réciprocité prévues".Cet accord intervient alors que la Russie refuse de signer la Charte de l'énergie de l'Union européenne. Bruxelles presse Moscou de s'y rallier pour obtenir de meilleures garanties sur la sécurité de la fourniture d'énergie aux Européens. Mais la Russie s'y refuse et redoute notamment que cela ne l'oblige à remettre en cause le monopole de Gazprom sur la distribution de gaz vers l'étranger.
