Proclamation Le roi du Népal rétablit le Parlement, l'opposition crie victoire Le roi Gyanendra a cédé, lundi 24 avril, à l'une des principales revendications des manifestations des dernières semaines."Nous rétablissons le Chambre des représentants, qui avait été dissoute le 22 mai 2002", a-t-il annoncé à la télévision nationale, à la veille d'une grande manifestation prévue par l'opposition. Il a ajouté qu'il convoquait le Parlement en séance vendredi. Il s'est dit "confiant" dans le fait que "le pays ira de l'avant, dans une paix durable, une démocratie pleine et entière et l'unité nationale". Le roi, qui semblait nerveux, a présenté "ses sincères condoléances pour tous ceux qui ont perdu la vie dans le mouvement populaire". Depuis le début de la grève générale et des manifestations lancées le 6 avril par sept partis politiques, au moins quatorze personnes ont été tuées et des centaines d'autres blessées par des tirs et des charges des forces de l'ordre. Ce mouvement demandait le retour de la démocratie, après que le roi a pris les pleins pouvoirs en février 2005, limogeant un gouvernement qu'il accusait de corruption et de n'avoir pas su mettre un terme à dix ans de guérilla maoïste. Quelques minutes après ce discours, vers 23 h 30, heure locale, des cris et des sifflements de joie ont retenti dans la capitale. "C'est la victoire du mouvement populaire", a déclaré Arjun Narsingh KC, l'un des dirigeants du Congrès népalais, première formation politique du royaume himalayen, dont est issu Sher Bahadur Deuba, le premier ministre limogé en février 2005. Il a indiqué que l'alliance des sept partis d'opposition répondrait officiellement mardi à la déclaration du roi, et qu'elle reporterait probablement la grande manifestation prévue ce jour-là. Les précédentes propositions du roi - tenue d'élections et nomination d'un premier ministre choisi par l'opposition - avaient été rejetées samedi par l'alliance des sept partis politiques. LES CITOYENS AMÉRICAINS INVITÉS À QUITTER LE PAYS Dans une lettre rendue publique lundi par la Commission asiatique pour les droits de l'homme, 18 opposants détenus dans un camp militaire à l'est de Katmandou ont accusé la communauté internationale d'avoir retardé le retour de la démocratie au Népal en soutenant l'initiative du roi. Dans la nuit de dimanche à lundi, la guérilla maoïste a lancé une attaque contre un centre de télécommunications et un poste de police à Chautara, à une centaine de kilomètres de Katmandou. Cinq rebelles et un soldat ont été tués, a annoncé un responsable militaire. Dans la capitale, les autorités ont reconduit le couvre-feu pour la journée de lundi, avec autorisation pour les forces de l'ordre de tirer à vue sur les contrevenants. Une quinzaine de manifestants ont été blessés lors d'un rassemblement de 2 000 personnes aux abords du nord-est de la capitale, a indiqué un médecin. La police a tiré gaz lacrymogènes et balles en caoutchouc, faisant également usage de matraques. A Genève, le rapporteur de l'ONU sur les exécutions sommaires, Philip Alston, a condamné, lundi, la pratique des tirs à vue des forces népalaises contre les manifestants, mettant Katmandou en garde contre le risque de commettre des crimes contre l'humanité. Face à l'aggravation de la situation, l'ambassade des Etats-Unis a ordonné aux familles de ses diplomates, aux personnels non essentiels et aux "citoyens américains" de quitter le pays "aussi vite que possible".