Annonce Le renouveau des spectacles de marionnettesLes marionnettes parlent aux enfants, mais pas uniquement. Les 148 troupes françaises et étrangères présentes au Festival mondial des théâtres de marionnettes, à Charleville-Mézières (Ardennes), jusqu'au dimanche 24 septembre, s'emploient à le rappeler.Objet de renouveau depuis le milieu des années 1990, avec un foisonnement créatif nourri d'échanges internationaux, le théâtre de marionnettes est pourtant trop souvent réduit, dans les esprits, au guignol, créé à Lyon à la fin du XVIIIe siècle, et au plus célèbre des pantins de bois, Pinocchio."Il ne s'est pas passé pour la marionnette ce qui s'est passé pour le cirque. La marionnette continue de faire peur, elle touche à la mort", analyse Mathieu Braunstein, auteur du Bûcher des marionnettes (15 septembre, L'Œil d'or). De fait, en figurant le Temps, l'Amour, la Mort, en étant tantôt dieux, esprits, mondes, animaux ou humains, "les marionnettes participent aux tentatives d'explication du monde par les hommes, exorcisant leur grande peur de l'inconnu", indique-t-on au sein de la Compagnie Daru.L'enquête nationale, que réalise depuis le printemps le ministère de la culture et l'association professionnelle Themaa, répertorie, en France, 750 compagnies de marionnettes (plus 10 % à 15 % par an). 45 festivals leur sont consacrés. Celui de Charleville est l'occasion de découvrir en un seul lieu les visages de ces personnages poétiques, satiriques ou oniriques.Des traditions du théâtre d'ombres turc de Karagöz - où les marionnettes vivement colorées, fabriquées en peau de chameau, racontent les difficultés de la vie paysanne - aux marionnettes vietnamiennes manipulées par de lourdes tiges de métal, en passant par le théâtre à mains - où les doigts nus figurent les personnages -, ces spectacles qui durent quarante minutes (environ) peuvent être sans paroles, musicaux ou accompagnés de danses et de vidéos. Les maîtres, dont Jacques Felix, décédé cette année, ont appris aux plus jeunes l'art de donner vie et âme aux formes inertes. Car "un marionnettiste est d'abord un acteur qui apprend à jouer d'un instrument", explique Alain Recoing, fondateur du Théâtre aux mains nues.Il faut encore se donner du mal pour assister à un tel spectacle. La plupart des compagnies - dont celles formées par l'Ecole nationale supérieure des arts de la marionnette (Esnam) -, ne disposent, en effet, d'aucun lieu propre. Elles sont donc condamnées à se faire une place sur les écrans, au côté des technologies numériques. "Entre "Les Guignols de l'info" et La Guerre des étoiles, nous voyons de plus en plus de marionnettes à la télévision, au cinéma, souvent sans même le savoir", note Christian Chabaud, de la Compagnie Daru.Charleville-Mézières, jusqu'au dimanche 24 septembre, tél. : 03-24-59-94-94, ou sur Internet : www.festival-marionnette.com.
