Rachat Le réassureur Scor achète l'allemand Revios pour 605 millions d'euros Le réassureur français Scor a annoncé mercredi 5 juillet l'acquisition de l'allemand Revios pour 605 millions d'euros, lui permettant ainsi de doubler sa présence dans la réassurance-vie. Avec un volume de primes estimé en 2006 à 2,25 milliards d'euros, le nouvel ensemble appelé Scor Global Life se hisse du huitième au quatrième rang mondial dans ce domaine avec 8 % du marché. "Il s'agit de deux entreprises qui ont la même taille et dont la complémentarité géographique est totale" se félicite Denis Kessler, PDG de Scor en insistant sur la dimension amicale de l'opération. Ainsi tandis que la firme française est très implantée en Espagne et au Portugal, la société allemande basée à Cologne est présente en Suède et en Suisse. Ensemble, elles détiendront 14 % du marché européen, avec des positions de leader en France, de numéro trois en Allemagne et seront parmi les trois premiers intervenants en Asie. De plus, le nouvel ensemble se renforce aux Etats-Unis où il devient le sixième réassureur-vie avec 5 % du marché, ce qui lui permet d'atteindre la taille critique pour se développer. "C'est une opération offensive qui nous permet de nous renforcer au plan mondial, mais aussi défensive car nous fermons la porte à des concurrents non européens qui auraient aimé se développer en Europe", explique M. Kessler en se référant à la stratégie du jeu de go. De nombreux réassureurs, notamment américains, avaient regardé ce dossier depuis le début de l'année. Mais pour Scor, cette acquisition a une saveur particulière qui sonne comme une revanche. APRÈS UNE RESTRUCTURATION Derrière le nom de Revios, apparaît l'activité de réassurance-vie de l'allemand Gerling qui fut le révélateur de la situation catastrophique du groupe français voici bientôt quatre ans. Septembre 2002, Jacques Blondeau, alors patron de Scor, annonce être en négociation exclusive pour racheter la réassurance-vie de l'allemand Gerling ainsi qu'une partie de la réassurance-dommage. Une augmentation de capital est prévue alors pour financer l'opération. Elle sera lancée, mais pour une toute autre raison : permettre de combler la situation financière déficitaire du réassureur. Les administrateurs alarmés par l'ampleur de la dégradation des comptes bloquent l'opération et démissionnent la direction. En novembre, Denis Kessler est appelé à la tête de l'entreprise pour tenter de la sauver. L'ancien numéro deux du Medef est alors patron de la Fédération française des sociétés d'assurance (FFSA). Après une sévère restructuration, le groupe est redevenu bénéficiaire en 2004. "En deux ans et un trimestre, Scor a dégagé 253 millions d'euros de profit", rappelle M. Kessler. Autre motif de satisfaction, le projet d'acquisition de Revios a reçu un avis favorable du comité d'entreprise réuni lundi 3 juillet. Or par le passé, les relations entre le patron de Scor et les syndicats ont été souvent très tendues. De son côté, après l'échec des négociations avec le groupe français en 2002, Gerling a arrêté son activité dommages et gère les contrats restants. L'ancienne entité de réassurance-vie est devenue une société autonome et a pris le nom de Revios. Par ce rachat effectif à l'automne, le groupe Scor augmentera de 66 % son chiffre d'affaires. Le montant des primes passera de 2,4 milliards en 2005 avant le rachat à 4 milliards cette année. Surtout la répartition entre l'activité vie et celle du dommage & responsabilité sera rééquilibrée en faveur de la première moins risquée. La part de la Vie qui représentait 43 % de Scor sera désormais portée à 60 %. Simultanément à ce rachat, le réassureur a transformé son statut pour adopter celui de société européenne. Ce projet de transformation déposé le 5 juillet concerne à la fois la groupe Scor SA et sa filiale Scor Vie. "Nous sommes la première entreprise française cotée à se constituer en société européenne", souligne M. Kessler concrétisant ainsi un projet annoncé voici six mois.