Mort de le réalisateur cubain Pastor Vega
Mort le réalisateur cubain Pastor Vega est mort à La Havane, jeudi 2 juin, d'un cancer, à l'âge de 65 ans. Responsable des relations internationales de l'Institut cubain de l'art et de l'industrie cinématographiques (Icaic) pendant une dizaine d'années, il a dirigé les douze premières éditions du Festival du nouveau cinéma latino-américain de La Havane, créé en 1979.Né à La Havane le 12 février 1940, la première vocation de Pastor Vega a été le théâtre. La veille de l'avènement de Fidel Castro au pouvoir (1959), il rejoint la meilleure troupe cubaine de l'époque, Teatro Estudio, dirigée par Vicente Revuelta. C'est d'ailleurs comme acteur qu'il se fait connaître, dans La Décision (José Massip, 1964), où joue également Daisy Granados, star du cinéma postrévolutionnaire, qui deviendra son épouse.La réalisation l'attire davantage et Pastor Vega embrasse bientôt le cheminement obligé à l'Icaic, qui passe par des documentaires de propagande. Il tente une première incursion dans la fiction, qui risque de devenir la dernière, puisque En la noche (Dans la nuit, 1965) ne plaît guère en haut lieu et reste interdit d'écran. Quelques années plus tard, lorsqu'il sera devenu à son tour un des directeurs de l'Icaic, il montrera volontiers aux visiteurs étrangers ce premier essai, pour preuve de son anticonformisme.Pendant les "années grises", la période la plus répressive de la culture cubaine, Pastor Vega endosse la ligne officielle sans états d'âme, comme dans le documentaire de long métrage Viva la Republica ! (1972), destiné à dénigrer toute l'histoire républicaine de Cuba avant le régime castriste.Dès que l'ambiance se décontracte un peu, Pastor Vega sort du lot avec Retrato de Teresa (Portrait de Teresa, 1979), son plus grand succès, à la fois dans l'île et à l'étranger. Interprété avec brio par Daisy Granados, ce mélodrame met en scène le machisme persistant dans les familles cubaines, en dépit de l'accès des femmes au travail. Le public local s'empare du sujet et en fait un débat de société, ce que le cinéma cubain à rarement réussi a faire.Pastor Vega tente de renouer avec cette problématique féministe dans Habanera (1984), un portrait féminin moins convaincant. Aucun de ses films suivants ne montrera la même inspiration ni pareille empathie avec ses spectateurs.Face à la crise de l'Icaic, dépendant des coproductions avec l'étranger depuis les années 1990, Pastor Vega retrouve sa vocation initiale, en mettant en scène, en 2001, un des chefs-d'œuvre du théâtre cubain, La Nuit des assassins, de José Triana, exilé en France.