Accuser Le rapport d'enquête l'ONU sur l'assassinat de Hariri accable la Syrie La Syrie est impliquée aux côtés du Liban dans l'assassinat de l'ex-premier ministre libanais Rafic Hariri, a conclu le rapport de la commission indépendante d'enquête des Nations unies. "Il y a des preuves convergentes montrant à la fois l'implication libanaise et syrienne dans cet acte terroriste", affirme le chef de la commission, Detlev Mehlis, dans ce document remis jeudi 20 octobre, au bout de quatre mois d'enquête, au secrétaire général de l'ONU, Kofi Annan, et rendu public dans la soirée à New York. Le magistrat allemand souligne que l'assassinat n'aurait pu être commis sans l'accord de responsables syriens de haut rang. "C'est un fait bien connu que le renseignement militaire syrien a eu une présence envahissante au Liban au moins jusqu'au retrait des forces syriennes à la suite de la résolution 1559. Les anciens hauts responsables de la sécurité au Liban étaient désignés par lui", dit-il. "Vu l'infiltration des institutions et de la société libanaises par les services de renseignement syrien et libanais œuvrant en tandem, il serait difficile d'imaginer un scénario où un complot en vue d'un assassinat aussi complexe aurait pu être mené à leur insu", ajoute-t-il. "On peut raisonnablement penser que la décision [d'assassiner Rafic Hariri] n'aurait pu être prise sans l'approbation de responsables de haut niveau de la sécurité syrienne et n'aurait pu être organisée sans la complicité de leurs homologues au sein des services de sécurité libanais", poursuit M. Mehlis. Selon un témoin anonyme cité par Reuters, Chaoukat et le frère du président syrien Bachar Al- Assad, Maher Assad, font partie d'un groupe de responsables des services de sécurité syriens et libanais qui "ont décidé d'assassiner" Hariri à la mi-septembre 2004 et ont ensuite organisé le meurtre lors d'une série de réunions à Damas, selon une première version du rapport Mehlis. Ces noms ont ensuite été expurgés de la version définitive. Le rapport présente également des preuves accablantes concernant quatre généraux libanais pro-syriens qui ont été arrêtés et inculpés dans le cadre du meurtre de Rafic Hariri, sur les conseils de Mehlis. Le président libanais, Emile Lahoud, pourrait également être impliqué. En effet, le frère d'Abdel-Al, Mahmoud Abdel-Al, qui a participé au complot selon le rapport de l'ONU, "a appelé quelques minutes avant l'explosion, à 12 h 47, le téléphone mobile du président libanais Emile Lahoud", indiquent les enquêteurs. "MOTIF PROBABLEMENT POLITIQUE" "Le motif de l'assassinat était probablement politique", considère M. Mehlis. "Toutefois, comme le crime n'a pas été l'œuvre d'individus mais plutôt d'un groupe aux moyens perfectionnés, il est fort possible que la fraude, la corruption et le blanchiment d'argent aient également constitué des raisons pour certaines personnes de participer à l'opération", poursuit le texte. M. Mehlis affirme également que des responsables syriens, y compris le ministre des affaires étrangères, Farouk Al-Chareh, ont "tenté d'égarer ses recherches". "Tandis que les autorités syriennes, après une hésitation initiale, ont coopéré dans une certaine limite (...) plusieurs personnes interrogées ont tenté d'égarer nos recherches", dit-il. "La lettre adressée à la commission par le ministre des affaires étrangères de la République arabe syrienne s'est révélée contenir des informations fausses", accuse-t-il. La commission conclut qu'"après avoir interrogé témoins et suspects en Syrie et établi que plusieurs voies mènent directement à des responsables de la sécurité syrienne pour ce qui est de l'implication dans l'assassinat, il incombe à la Syrie de clarifier une part considérable des questions non résolues". L'assassinat de Rafic Hariri et de vingt personnes, dans un attentat à la bombe en plein Beyrouth le 14 février, avait plongé le Liban dans la crise. De nombreux Libanais avaient imputé le crime à la Syrie, qui a exercé une tutelle sur son petit voisin pendant trois décennies. Damas a toujours nié toute implication. Le crime avait également causé un tollé dans le monde et accéléré le départ des forces syriennes du Liban, ce qui était l'une des exigences de la résolution 1559 du Conseil de sécurité. Le rapport Mehlis a été transmis jeudi aux quinze pays membres du Conseil de sécurité, ainsi qu'au Liban, a indiqué l'ONU. Dans une lettre d'accompagnement, M. Annan indique son intention de demander au Conseil l'extension jusqu'au 15 décembre du mandat de la commission Mehlis, comme l'a demandé le gouvernement libanais. Le Conseil a prévu une réunion publique ainsi que des consultations à huis clos sur le Liban mardi.