Inauguration Le Qatar inaugure en grande pompe sa gigantesque académie des sports Tournois de tennis et de golf, Tour cycliste, Grand Prix de moto... Depuis plusieurs années, le Qatar investit à coups de millions de dollars dans l'organisation d'événements sportifs pour se faire un nom sur la scène internationale. Le petit émirat du golfe Persique, qui tire sa richesse de ses réserves gazières et pétrolières, vient de franchir un pas supplémentaire dans sa politique de communication sportive en inaugurant son académie des sports, nommée Aspire (pour Academy for Sports Excellence). Le baptême de ce complexe sportif hors normes a été à l'image de sa grandeur : le président du Comité international olympique (CIO), Jacques Rogge, au discours d'inauguration, Diego Maradona à la passe avec des jeunes Qataris aspirants footballeurs, le roi Pelé aux autographes et le Cirque du Soleil aux commandes de la cérémonie d'ouverture. Sans oublier une brochette de gloires passées — la gymnaste roumaine Nadia Comaneci, le nageur américain Mark Spitz — et présentes, comme le double champion olympique de 1 500 m et 5 000 m Icham El Guerrouj, tous venus animer des "master classes". Aspire, c'est onze courts de tennis, huit pistes d'escrime, deux courts de squash, un terrain de football, une piste d'athlétisme, une piscine olympique avec plongeoir, une salle de gymnastique, une halle multisport... De l'extérieur, c'est un dôme gigantesque aux allures de soucoupe volante et aux dimensions pharaoniques : 46 m de haut et 290 000 m² de surface dédiée à la pratique du sport sous toutes ses formes et pouvant accueillir 15 000 spectateurs assis. C'est aussi sept terrains de football engazonnés et synthétiques en plein air. "On a l'impression d'être sur une autre planète", résume Maradona, qui se souvient que, gosse, il disposait "seulement d'un champ" comme aire de jeu. UN MILLIARD DE DOLLARS "Les deux arcs du dôme font 280 m de portée chacun, c'est comme si la tour Eiffel était couchée", explique Roger Taillibert, l'architecte français qui a imaginé l'édifice. "Il y a 7 000 tonnes d'acier, plus que dans la tour Eiffel", ajoute celui à qui l'on doit également le Parc des Princes, à Paris, et le stade olympique de Montréal. Doté d'une double toiture en aluminium pour isoler contre les rayons particulièrement brûlants du soleil au Qatar, le dôme est entièrement climatisé grâce une centrale électrique spécialement construite. Cinq mille ouvriers coréens et sud- africains d'une entreprise palestinienne basée en Grèce (CCC) ont travaillé d'arrache-pied pour que l'académie sorte du désert qatari en deux ans. C'est un des fils de l'émir du Qatar, Cheikh Jassem Bin Hamed Al-Thani, passionné de sport et de football en particulier, qui a eu l'idée de créer cette académie pour mettre au sport les jeunes de son pays. La passion du prince aura coûté environ 1 milliard de dollars — une estimation qui ne prend pas en compte les liasses distribuées pour débaucher plus d'une centaine d'entraîneurs, préparateurs, kinésithérapeutes, médecins et chercheurs spécialisés dans la recherche de la performance. "Aspire est la réalisation du rêve olympique : donner la possibilité à des jeunes qui ont du talent de devenir des champions", assure l'Allemand Thomas Flock, directeur général de l'académie et ancien patron du centre olympique de Munich. Pour l'heure, l'académie accueille 200 pensionnaires — tous masculins — dont 10 % sont des étrangers (Koweïtiens, Saoudiens...) mais projette d'en accueillir à terme un millier. Le riche émirat espère ne pas faire trop mauvaise figure lors des Jeux asiatiques, qu'il organise en décembre 2006.
