Annonce Le projet de loi très controversé sur l'immigration devant les députésLes députés débutent, mardi 2 mai, l'examen du projet de loi de Nicolas Sarkozy sur l'immigration et l'intégration. Cette présentation à l'Assemblée intervient onze jours après la polémique déclenchée par les propos du ministre de l'intérieur. "Si certains n'aiment pas la France, qu'ils ne se gênent pas pour la quitter", avait alors affirmé le président de l'UMP. L'immigration est un atout pour 46% des Français46 % des Français estime que l'immigration est un atout pour la France, selon un sondage qui paraît mardi dans Libération, réalisé par l'institut LH2 (Louis Harris). 39 % des personnes interrogées considèrent en revanche qu'elle constitue un handicap et 6 % qu'elle n'est ni l'un ni l'autre, selon ce sondage. 9 % ne se prononcent pas. Une proportion un peu plus faible (42 %) estime que l'immigration est un atout pour l'économie française, à égalité avec ceux qui la considèrent comme un handicap dans ce domaine. Une large majorité (61 %) pense que l'immigration est un handicap pour le financement des prestations sociales (23 % un atout), 49 % qu'elle dessert la situation de l'emploi et 44 % qu'elle est un problème pour l'équilibre des retraites.Concernant les choix politiques en matière d'immigration, 76 % des Français sont "plutôt d'accord" avec l'idée qu'"il faut régulariser les immigrés sans-papiers qui sont dans une situation stable (cinq ans de résidence)". Le projet de loi Sarkozy sur l'immigration prévoit que la régularisation ne sera plus automatique au bout de 10 ans de présence sur le territoire. Plus de la moitié des Français (54 %) estime que "la France doit être un pays d'accueil pour l'immigration" et 48% qu'"il faut choisir les immigrés en fonction des besoins économiques de la France". Enfin, 34 % des personnes interrogées considèrent qu'"il faut rendre plus difficile le regroupement familial pour les immigrés" contre 58 % qui pensent le contraire. - (Avec AFP.)[-] fermerCette déclaration, paraphrasant un slogan du Front national (FN), déjà repris par le Mouvement pour la France de Philippe de Villiers, a provoqué un tollé d'indignation à gauche et de la part des associations de défense des droits humains. Tous l'accusent de chasser sur les terres du FN dans la perspective de l'élection présidentielle, M. Sarkozy n'ayant jamais caché sa volonté d'aller chercher "un à un" les électeurs d'extrême droite."UNE LOI PUBLICITAIRE"Le PS, qui semble toujours mal à l'aise sur la question de l'immigration, défendra, à l'Assemblée nationale, le principe d'une régularisation automatique après dix ans de présence en France, principe qu'elle a instauré. L'UDF, dont le président François Bayrou considère le texte comme "une loi publicitaire", ne le votera pas "en l'état". Pour l'UMP en revanche, le sujet ne doit plus être tabou et "Sarkozy parle sur des sujets délaissés pendant des années", selon son porte-parole Luc-Marie-Chatel. Critiqué par la frange la plus à droite du parti et de son électorat pour son abandon du CPE, le président de l'UMP peut, avec ce projet de loi, affirmer à nouveau sa volonté d'une politique de rupture, à un an tout juste de la présidentielle.Le texte vise à "transformer profondément" la politique d'immigration "pas dans la continuité mais dans la rupture", a-t-il expliqué devant les députés en commission des lois.Moins de trois ans après le texte qu'il a fait voter sur le même sujet, le projet de loi sur "l'immigration et l'intégration" entend substituer une immigration "choisie" à une "immigration subie" en favorisant l'entrée des diplômés mais en durcissant les règles d'entrée et de séjour pour les autres et en supprimant la régularisation automatique des clandestins. "JE N'ACCEPTERAI PAS D'ALLER AU-DELÀ D'UNE CERTAINE LIMITE"Depuis la déclaration qui a déclenché la polémique, M. Sarkozy a néanmoins affiché sa volonté de prendre en compte les inquiétudes des opposants au projet. "Je n'accepterai pas d'aller au delà d'une certaine limite en matière de durcissement", a-t-il déclaré jeudi. Des amendements devraient être adoptés en ce sens, notamment pour créer des organismes de contrôle incluant les associations. Le ministre devra également ménager les critiques au sein même de son camp, dont l'unité a été ébranlée par la crise du CPE. Déjà la question des quotas, sur laquelle le premier ministre et son numéro deux ont des approches radicalement différentes est mentionnée dans l'exposé des motifs, mais ne sera pas inscrite dans la loi. "Cela n'a pas été retenu", regrette le rapporteur du texte, le très sarkozyste Thierry Mariani, en refusant tout autre commentaire sur l'auteur de cet arbitrage. Affaibli par la crise du CPE et l'affaire Clearstream, Dominique de Villepin n'est pas encore intervenu dans la polémique sur l'immigration, qui permet, en revanche, à son rival d'apparaître à nouveau en première ligne.
