Mort du professeur Jo Yoshida
Mort Le professeur Jo Yoshida, spécialiste internationalement connu de Marcel Proust, est mort à Kyoto (Japon), le 24 juin 2005. Il était âgé de 54 ans.Yo Yoshida souffrait depuis de nombreuses années d'insuffisance rénale, ce qui, partout où il allait, l'obligeait à programmer trois séances de dialyse en hôpital par semaine. Cette contrainte lourde n'a en rien nui à son rayonnement, à sa gaieté et à un sens délicieux de l'hospitalité et de l'amitié que beaucoup ont partagées. Il trouvait dans son épreuve l'énergie d'une compréhension plus aiguë de Proust et la conscience de recherches vécues de l'intérieur sur les liens entre écriture et maladie.Jo Yoshida occupait la chaire de littérature contemporaine à l'université de Kyoto, dans le département de littérature française, qu'il dirigeait. Son épouse est professeure de littérature française à l'université de Kobé.Toujours disponible, curieux, vif, Jo Yoshida avait participé à l'édition d'A la recher che du temps perdu dirigée par le professeur Jean-Yves Tadié dans la Bibliothèque de la Pléiade. Sa spécialité portait sur Du côté de chez Swann et la génétique textuelle.A ce titre, il était membre très actif de l'Institut des textes et manuscrits modernes (ITEM) du CNRS, après avoir séjourné à l'Ecole normale supérieure.Son goût de la littérature et ses connaissances précieuses dépassaient largement son auteur de prédilection. Sa présence, son dynamisme, la diversité de ses centres d'intérêt, son érudition étaient essentiels aux relations intellectuelles entre le Japon et la France.LE FIASCO, SPLENDEUR DU DÉSIRLe 24 juillet 2004, en compagnie de Francine Goujon et Nathalie Mauriac, Jo Yoshida avait organisé à la faculté des lettres de Kyoto un colloque aussi pointu que divertissant consacré à Proust.Après-midi tonique, rayonnante, au cours de laquelle, il donna comme d'habitude une conférence remarquable ("Le fiasco : splendeur et misère du désir proustien") : il y ajouta, en s'abritant derrière son âge, qui n'avait pourtant rien d'avancé, un ton de liberté et de drôlerie qu'on n'oubliera pas.Francis Marmande