Condamnation Le procureur requiert trois ans de prison ferme à l'encontre de Jean-Charles MarchianiTrois ans de prison ferme, 250 000 euros d'amende, la confiscation des sommes recelées et cinq ans de privation des droits civiques, civils et de famille ont été requis, mardi 25 octobre, à l'encontre du préfet Jean-Charles Marchiani, poursuivi par le tribunal correctionnel de Paris pour recel d'abus de biens sociaux. Il est jugé pour la seconde fois en deux semaines.L'ancien homme de confiance de Charles Pasqua au ministère de l'intérieur est soupçonné d'avoir perçu une commission illégale de 9,7 millions de francs (1,4 million d'euros) et de l'avoir partagée avec d'autres protagonistes, dans le cadre d'un contrat d'équipement de l'aéroport de Roissy, conclu en 1991 entre la société néerlandaise Vanderlande et Aéroports de Paris (ADP). UN POT-DE-VINIl s'agissait, selon l'accusation, d'un pot-de-vin visant à attribuer à la société néerlandaise la mise en place d'un système de tri automatisé des bagages à l'aéroport de Roissy. "Jean-Charles Marchiani participe à ce sentiment de corruption en France. On ne peut pas se réclamer du statut de héros national et réclamer dix millions de francs à un chef d'entreprise", a dit le procureur Marie-Christine Daubigney dans ses réquisitions. Quant au prévenu, il soutient qu'il a simplement fait financer une "mission secrète" de l'Etat afin de prévenir des attentats contre des avions de ligne.Outre M. Marchiani, jugé par le procureur comme étant "au cœur du dispositif de fraude", six personnes comparaissaient dans ce dossier. Le procureur a requis trois ans de prison dont deux avec sursis contre Albert Montluc, ingénieur travaillant pour ADP ; trois ans de prison avec sursis et 150 000 euros d'amende contre Claude Pasqua, cousin de l'ancien député européen et ex-salarié de Vanderlande ; dix-huit mois de prison avec sursis contre Claude Marchiani, frère de Jean-Charles, et contre Generoso Rodriguez, un intermédiaire présumé. Tous sont soupçonnés de s'être partagé la commission."VICTIME D'ABUS DE BIENS SOCIAUX"Par ailleurs, deux ans de prison avec sursis ont été requis contre Meryn Vanderlande, président de la société néerlandaise, et contre Camille Majorel, dirigeant de sa filiale française. Tous deux poursuivis pour avoir accepté de verser la commission. La société Vanderlande France – filiale française de Vanderlande – "a bien été victime d'abus de biens sociaux, victime d'aigrefins motivés par l'appât du gain", a affirmé la représentante du parquet qui a fustigé les prévenus "qui se sont abattus comme des vautours sur la société Vanderlande France". Elle a dénoncé "l'aplomb sans pareil" du préfet, son "coup de poker permanent" visant à "dissimuler la vérité : il a volé neuf millions de francs".Le procès doit s'achever mercredi avec les plaidoiries de la défense. Le jugement sera mis en délibéré pour quelques semaines.Au premier procès de Jean-Charles Marchiani, le 10 octobre, le parquet avait requis quatre ans de prison ferme et 150 000 euros d'amende. Le préfet était jugé pour avoir perçu 1,25 million d'euros pour l'exécution d'un contrat entre le groupe public français d'armement Giat Industries et la société allemande Renk. Le jugement dans ce dossier sera rendu le 14 décembre. Jean-Charles Marchiani, qui s'est rendu célèbre lors de la crise des otages français au Liban dans les années 1980, est poursuivi dans quatre autres affaires similaires.
