Procès Le procès en béatification de Jean Paul II s'ouvre à Rome Santo subito ("saint tout de suite"). La foule l'a réclamé pendant ses obsèques. Moins de trois mois après la mort du pape polonais, le diocèse de Rome, dont il était l'évêque, devait ouvrir, mardi 28 juin, son procès en béatification. Une célébration en la basilique Saint-Jean-de-Latran présidée par le cardinal Camillo Ruini, vicaire de Rome, marquera l'ouverture de l'enquête diocésaine sur "la vie, les vertus et la réputation de sainteté du serviteur de Dieu Jean Paul II". Le pape Benoît XVI, ancien préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi, avait donné le 13 mai son feu vert à l'ouverture, sans attendre le délai minimum réglementaire de cinq ans, de la procédure de béatification, premier pas vers une éventuelle canonisation de Karol Wojtyla. Cependant, celui-ci subira comme tous les candidats posthumes à la sainteté l'épreuve du procès. Le tribunal diocésain, présidé par le cardinal Ruini, travaillera à huis clos et procédera comme une instance judiciaire : enquête, audition de témoins et d'experts, examen de documents, à la recherche de faits susceptibles d'établir que la vie du pape décédé est digne d'être proposée en exemple aux fidèles. TÉMOIGNAGES DE "MIRACLES" Il devra notamment établir si un miracle posthume (une guérison que la médecine ne peut expliquer) peut être attribué à Jean Paul II, signe de son rayonnement spirituel au-delà de la mort. Même s'ils ne constituent pas des preuves aussi décisives, selon les règles de la procédure, les témoignages de miracles accomplis de son vivant vont aussi être versés au dossier. Son secrétaire particulier, l'archevêque polonais Stanislav Dziwisz, a raconté en 2002 qu'un Américain souffrant d'une tumeur au cerveau a été guéri après avoir reçu la communion des mains de Jean Paul II. Le cardinal italien Francesco Marchisano a aussi laissé entendre qu'il avait été guéri d'un problème à la gorge par le pape polonais. Les fidèles sont invités à transmettre au postulateur de la cause de béatification (qui joue le rôle d'un avocat), le prêtre polonais Slawomir Oder, tout élément suceptible de nourrir le dossier, et un site Internet (www.vicariatusurbis.org) a été ouvert pour permettre à chacun d'en prendre connaissance. Après sa phase diocésaine, le dossier sera transmis à la Congrégation du Vatican pour la cause des saints, et finalement soumis pour ratification au pape. Jean Paul II va donc bénéficier de l'accélération du processus en béatification qu'il a lui-même lancé. Alors qu'auparavant il fallait parfois des siècles pour parvenir à une canonisation, son pontificat a vu quelques béatifications éclairs, comme celles de José Maria Escriva de Balaguer, le fondateur de l'Opus Dei, mort en 1975, béatifié en 1992 et canonisé en 2002, ou de Mère Teresa, morte en 1997 et béatifiée en 2003.