Annonce Le procès du caporal Charles Graner, instigateur des tortures d'Abou Ghraib, a commencé Le procès du caporal Charles Graner, 36 ans, considéré comme l'instigateur des tortures, mauvais traitements et autres humiliations sexuelles infligés aux prisonniers de la prison irakienne d'Abou Ghraib a commencé, vendredi 7 janvier à Fort Hood, au Texas, par la sélection du jury. Il a fallu moins d'une heure pour désigner dix jurés, quatre officiers et six soldats ayant tous une expérience du combat. Amaigri, la moustache rasée, Charles Graner n'a pas prononcé un mot quand son avocat a plaidé non coupable. En passant à la fin de la courte audience devant les journalistes présents, il a été un peu plus bavard. "Le soleil brille toujours, le ciel est bleu, nous sommes en Amérique. Il y a des hauts et des bas", a-t-il déclaré avec un sourire.Membre de la 372e compagnie de police militaire, une unité de réserve du Maryland, il est le premier des sept soldats mis en accusation dans cette affaire à être jugé par une cour martiale sur le sol américain. Cet ancien gardien de prison encourt une peine de 17 années et demie de détention pour des accusations de complot afin de maltraiter des prisonniers, d'abandon de service pour n'avoir pas protégé les prisonniers, de cruauté et mauvais traitements, coups et blessures et actes indécents. Jeudi, les procureurs ont abandonné deux charges d'obstruction à la justice et d'adultère. Charles Graner est le père de l'enfant de Lynndie England né en octobre. La soldate, qui figure sur bon nombre des photographies de sévices, doit aussi être jugée à partir du 18 janvier par une cour martiale à Fort Bragg, en Caroline du Nord.Trois autres soldats impliqués ont plaidé coupable en Irak. Les sergents Ivan Frederick et Amin Cruz ont été condamnés respectivement à 8 ans et à 8 mois de prison. Le caporal Megan Ambuhl a été dégradé et expulsé de l'armée.TRENTE-CINQ TÉMOINSDeux autres militaires, le sergent Javal Davis et le caporal Sabrina Harman, seront aussi jugés à Fort Hood par la même cour martiale. Charles Graner est considéré comme le leader du groupe, celui qui organisait les humiliations et les mauvais traitements. Il apparaît sur de nombreuses images montrant les sévices.Sur l'une d'elles, il lève les pouces en signe de satisfaction, derrière un tas de détenus nus empilés les uns sur les autres. Charles Graner aurait sauté à pieds joints sur des prisonniers, écrasant leurs pieds et leurs mains. Il est accusé d'avoir frappé l'un d'eux à la tempe assez fort pour qu'il s'évanouisse.A partir de la semaine prochaine, trente-cinq témoins défileront à la barre, dont trois détenus irakiens maltraités et le capitaine Donald Reese, qui dirigeait la 372e compagnie de police militaire. Le capitaine Reese n'a pas été mis en accusation, mais a été seulement réprimandé pour n'avoir pas été capable de protéger les prisonniers sous sa responsabilité en vertu des conventions de Genève et n'avoir pas contrôlé le comportement de ses hommes.Depuis son arrestation, au printemps dernier, Charles Graner a toujours affirmé avoir suivi les ordres consistant à "adoucir" les prisonniers avant leurs interrogatoires. Il a déclaré le mois dernier, lors d'une audition préliminaire, qu'il était devenu "un bouc émissaire".L'armée américaine a toujours affirmé que les mauvais traitements étaient de la seule initiative des soldats poursuivis par la justice. Guy Womack, l'avocat civil de Charles Graner et ancien marine, a promis d'apporter des preuves que son client a reçu des ordres pour traiter les détenus aussi durement. "Il existait des ordres très spécifiques sur certaines choses à faire et des ordres implicites à propos d'autres choses", a-t-il déclaré vendredi."Il semble qu'ils cherchent à établir une stratégie de défense sur le modèle du procès de Nuremberg des criminels de guerre nazis en affirmant qu'ils ont seulement obéi aux ordres, explique Thomas Moran, avocat et ancien juriste militaire. Cela n'a pas fonctionné à Nuremberg et ne fonctionnera pas à Fort Hood." Selon la législation militaire américaine, un soldat doit refuser d'exécuter des ordres illégaux.
