Procès le procès de l'islamiste Lionel Dumont s'ouvre aujourd'hui à Douai L'islamiste français Lionel Dumont, un "djihadiste" qui serait proche des réseaux d'Oussama Ben Laden, est jugé à partir du lundi 5 décembre à 14 heures à Douai (Nord) pour des crimes datant de 1996 imputés à un groupe radical appelé le "gang de Roubaix". Il encourt la réclusion criminelle à perpétuité pour "tentative de meurtre sur agents de la force publique, vols avec armes, tentative de destruction de biens par explosifs, association de malfaiteurs". C'est son arrestation à Munich en décembre 2003 et son extradition vers la France en mai 2004 qui mirent un terme au parcours de ce natif de Roubaix, converti à l'islam en 1991 lors de ses études d'histoire. Entre janvier et mars 1996, il aurait participé à huit actions du "gang de Roubaix", notamment une tentative d'attentat le 29 mars contre le commissariat central de Lille, juste avant un sommet du G7. La bombe artisanale composée de trois bouteilles de gaz et placée dans une voiture devant le commissariat n'avait pas explosé. Le lendemain, le RAID (unité de recherche, d'assistance, d'intervention et de dissiasion) donnait l'assaut au repaire du gang, à Roubaix. Quatre membres du groupe périrent dans l'incendie de la maison, dont Christophe Caze, étudiant en médecine, converti à l'islam et meilleur ami de Lionel Dumont, qui, lui, réussit à s'enfuir. Les autres actions retenues contre lui incluent des attaques de magasin et d'un fourgon de transports de fonds, au moyen d'armes de guerre comme des kalachnikov ou un lance-roquettes. Il est également accusé d'avoir tiré à plusieurs reprises sur des policiers entre fin janvier et fin mars 1996. RENCONTRE À LA MOSQUÉE RADICALE DE ROUBAIX Le groupe cherchait apparemment à financer l'islam radical par ses gains, mais ce point a toujours été discuté. Le dossier n'a pas été traité par les magistrats antiterroristes spécialisés mais par les sections de droit commun. La France connaissait pour la première fois une telle violence de la part d'un groupe islamiste fondé sur son sol par des citoyens français, d'origine non musulmane – Lionel Dumont a connu les autres membres du gang en fréquentant la même mosquée radicale de Roubaix. Lionel Dumont est le dernier membre présumé du "gang de Roubaix" à comparaître devant une cour d'assises. Outre les tués lors de l'attaque du 29 mars, Mouloud Boughelane, Omar Zemmiri et Hocine Bendaoui ont été condamnés à Douai en octobre 2001 à des peines allant de dix-huit à vingt-huit ans de réclusion. Lui-même avait été condamné à la réclusion à perpétuité par contumace. Cadet d'une fratrie de huit enfants, Lionel Dumont a été décrit à la justice par sa sœur comme un enfant "sensible, idéaliste, rêveur et ne supportant pas l'injustice". Son père était chauffeur-frigoriste, sa mère femme au foyer. Selon les enquêtes judiciaires menées à la suite de son arrestation, il se serait converti à l'islam radical après un service militaire à Djibouti et une participation à l'intervention de l'ONU en Somalie en 1992-1993. Il serait passé à la lutte armée en Bosnie, en 1993 et 1994. Envoyé par des associations humanitaires musulmanes, Lionel Dumont aurait pris les armes dans le bataillon des volontaires islamistes internationaux, basé dans la ville de Zenica. Après sa fuite en 1996, c'est encore en Bosnie qu'il trouve refuge. Arrêté en 1997 à Zenica pour une attaque à main armée et condamné à vingt ans de réclusion, il s'évade de prison en mai 1999, à la veille de la date prévue pour sa remise à la France, et gagne l'Asie, par des moyens inconnus. Il serait alors entré en contact avec la mouvance islamiste, côtoyée lors de la guerre de Bosnie, séjournant en Malaisie et en Indonésie, où il aurait été aidé par la Jemaah Islamiyah, compromise dans les attentats de Bali (202 morts en 2002). Etabli au Japon avec son épouse allemande de juillet 2002 à septembre 2003 dans la ville de Niigata, il aurait vécu de la vente de voitures d'occasion en Russie et en Corée du Nord. De fréquents transferts de fonds à partir de ses comptes postal et bancaire, qui ne sont pas totalement élucidés, ont été découverts. Au moment de son arrestation à Munich, il disposait d'un faux passeport et d'une fausse identité française.