Annonce Le procès de la "cellule espagnole" d'Al-Qaida s'est ouvert à MadridLe procès de 24 terroristes présumés, accusés d'appartenance à une "cellule espagnole" d'Al-Qaida et d'avoir participé à la préparation des attentats du 11 septembre 2001 aux Etats-Unis, a commencé, vendredi 22 avril, à Madrid. Il devrait se terminer en juillet.Selon la police, l'Espagne a servi de base de préparation pour la majorité des attentats commis ces dernières années : ceux du 11 septembre 2001 contre New York et Washington, ceux du 11 mars 2004 à Madrid, mais aussi ceux de Djerba (Tunisie), le 11 avril 2002, et de Casablanca (Maroc), le 19 mai 2003, ainsi que les attaques menées contre les ambassades américaines au Kenya et en Tanzanie. L'assassinat du cinéaste Theo Van Gogh, en novembre 2004 en Hollande, ou la décapitation du journaliste américain Daniel Pearl, en janvier 2002 au Pakistan, seraient aussi liés aux réseaux espagnols d'Al-Qaida.Pour ce procès de masse, un pavillon du Centre des foires de Madrid, situé un peu à l'écart de la capitale, a été spécialement aménagé, et des mesures exceptionnelles de sécurité ont été prises. Le ministère public a demandé 62 509 années de prison pour les trois principaux inculpés, soit 25 ans pour chacune des 2 500 victimes. Toutefois, selon le code pénal espagnol, s'ils sont condamnés, ils ne passeront pas plus de 30 ans en prison.Le premier des trois principaux accusés est Imad Ekkin Barakat Yarkas, dit "Abou Dahdah", considéré comme le chef de la cellule. Il aurait participé à de nombreuses réunions de préparation des attentats du 11 septembre. L'un des possibles poseurs de bombe des attentats de Madrid, Djamel Zougam, était l'un de ses amis et devrait être entendu au cours du procès.Le deuxième accusé est Driss Chebli, qui aurait assisté, en compagnie d'Abou Dahdah, à une réunion, le 16 juillet 2001, à Tarragone, en Catalogne, avec Mohammed Atta, le chef des commandos des attentats-suicides qui ont frappé les Etats-Unis. Il a, depuis, été inculpé pour les attentats de Madrid.Le troisième accusé est Ghasoub Al-Abrash Ghalyoun, dit "Abou Moussab" : au cours d'un voyage aux Etats-Unis, en août 1997, il a filmé des "lieux emblématiques", comme les tours jumelles du World Trade Center, à New York.Les autres risquent entre 9 et 27 années de prison pour divers motifs : collaboration ou appartenance à une organisation terroriste, falsification de documents, escroquerie, détention d'armes. La plupart sont d'origine syrienne ou marocaine, et certains ont aussi la nationalité espagnole.Presque tous ont été arrêtés lors d'une vaste opération antiterroriste conduite par le juge Baltasar Garzon en septembre 2001 ; les autres ont été interpellés en septembre 2003. Seul le journaliste de la chaîne qatarie Al-Jazira, Tayssir Allouni, qui encourt 9 années de prison, se trouve en liberté conditionnelle pour raisons de santé. Il assiste donc au procès dans la salle d'audience, et non dans le box vitré et blindé où sont regroupés tous les autres.Le premier interrogatoire a concerné le seul accusé espagnol, Luis José Galan. Celui-ci a réfuté toutes les accusations portées contre lui, disant haïr toute violence et n'être "ni pour ni contre Ben Laden, mais pour la justice, les droits et pour vivre en paix". Il a reconnu avoir détenu des armes dont "un calibre 22 que l'on donne aux enfants aux Etats-Unis". Mais il a assuré qu'il possédait des permis "de tir olympique" pour les armes à feu, et que les armes blanches étaient en vente dans n'importe quelle armurerie. Et, si l'on a trouvé à son domicile une photo de lui en moudjahidin, c'est parce que, dans sa famille, on aime se déguiser.
