Prix Le prix Nobel de la paix renforce l'autorité de l'AIEA et de son chefLe Norvégien Ole Danbolt Mjoes, président du comité d'Oslo, a expliqué que l'attribution du prix Nobel de la paix 2005 à l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) et à son directeur général Mohamed ElBaradei, avait pour but de récompenser "leurs efforts visant à empêcher que l'énergie nucléaire soit utilisée à des fins militaires" . A une époque où la menace des armes nucléaires s'accroît, a-t-il ajouté, il s'agit de souligner que cette menace "doit être traitée via une coopération internationale la plus large possible". L'Iran dénonce une "décision politique"L'Iran est assez fort pour résister à d'éventuelles sanctions internationales motivées par ses ambitions nucléaires, a déclaré, vendredi 7 octobre, un important dignitaire religieux iranien sur fond de manifestations à Téhéran en faveur du programme nucléaire national. Si les autorités iraniennes se sont refusées à commenter officiellement la décision du Comité d'Oslo, une source proche du gouvernement a estimé que le fait d'attribuer le prix Nobel de la paix à l'organisme qui enquête depuis trois ans sur le programme nucléaire iranien constitue une "décision politique dirigée contre l'Iran" .Lors des prières du vendredi à l'Université de Téhéran, l'ayatollah Ahmad Jannati, chef du Conseil des gardiens de la Constitution, a affirmé que l'Iran ne céderait pas aux pressions occidentales sur la question nucléaire. "Nous sommes capables de tenir bon et d'affirmer nos droits jusqu'à ce que nous les obtenions" , a-t-il déclaré. (Reuters.)[-] fermerL'intention des "sages" du comité Nobel est donc sans ambiguïté : elle vise à manifester le soutien de la communauté internationale à l'Agence de Vienne au moment où celle-ci est aux prises avec la menace que constituent les programmes nucléaires militaires de l'Iran et de la Corée du Nord. Leur décision a été saluée par un concert international de félicitations émanant des capitales, certaines spontanées, d'autres un peu forcées, mais aussi par des réactions très critiques des organisations antinucléaires et des mouvements écologistes, choqués qu'une telle distinction puisse être décernée à une instance onusienne qui, tout en luttant contre la prolifération nucléaire, promeut l'usage de l'atome civil.Le principal intéressé, Mohamed ElBaradei, a déclaré que ce prix prestigieux va "renforcer -sa- détermination et celle de -ses- collègues à dire la vérité et à lutter contre la dissémination" d'armes nucléaires dans le monde. Il sera "un coup de fouet" pour les actions de l'Agence, a-t-il estimé. La plupart des gouvernements ont salué un "prix bien mérité" , selon l'expression de la secrétaire d'Etat américaine, Condoleezza Rice. Jacques Chirac, Gerhard Schröder et Tony Blair, dont les pays forment la "troïka" européenne qui pilote les négociations pour obtenir de l'Iran l'arrêt de son programme nucléaire militaire, se sont félicités que cette récompense soit décernée à une organisation qui, selon le président français, apporte "une contribution déterminante à la paix" .Le directeur général de l'AIEA a parlé des "succès" remportés par l'AIEA, qui expliquent, selon lui, le choix du comité Nobel, citant le fait que l'Agence a réussi "à éliminer complètement le programme nucléaire de l'Irak entre 1991 et 1997" . Elle a "complètement éliminé" celui de la Libye, et accompli "beaucoup de progrès" s'agissant de l'Iran, a-t-il ajouté. Ces deux affirmations sont contestables, dans la mesure où l'AIEA a été tenue à l'écart des négociations sur la Libye et que les négociations avec l'Iran sont dans l'impasse.AVANCÉE POSITIVEL'administration américaine, qui a toujours reproché au directeur général de l'AIEA une attitude trop conciliante vis-à-vis de Téhéran, a fait chorus avec la satisfaction internationale, Nicholas Burns, sous-secrétaire d'Etat pour les affaires politiques, estimant que ce choix ne constituait nullement un revers pour Washington, "au contraire" .Pour une partie des antinucléaires, comme le Japonais Senji Yamaguchi, un survivant de Nagasaki âgé de 75 ans considéré comme "nobélisable", la décision d'Oslo s'explique par un refus d'offenser les Etats-Unis qui, en ce 60e anniversaire des bombardements nucléaires d'Hiroshima et de Nagasaki, auraient été de facto mis en accusation si le Nobel avait été attribué aux rescapés des explosions atomiques des 6 et 9 août 1945.Alors que l'organisation Greenpeace a regretté le "double rôle" de "gendarme et promoteur du nucléaire" de l'AIEA, d'autres organisations ont dénoncé la "désinformation intense" de l'Agence de Vienne sur les conséquences de Tchernobyl.Dans l'ensemble cependant, cette récompense est considérée comme un encouragement à l'action de l'AIEA et une avancée positive en faveur de la lutte contre la prolifération. Il est cependant probable que ce "Nobel nucléaire" ne modifiera pas l'attitude des pays les plus concernés par les questions de prolifération nucléaire.Kofi Annan a rappelé que la conférence sur le TNP, qui s'est tenue à New York en mai, s'est conclue sur un échec, notamment parce que les Etats-Unis ont refusé de réaffirmer l'objectif d'une réduction des arsenaux détenus par les puissances nucléaires. "Nous n'avons même pas pu nous entendre sur un paragraphe sur la non-prolifération ou le désarmement. C'est une honte. J'espère que ce prix -Nobel- va tous nous réveiller" , a commenté le secrétaire général de l'ONU. De même, les 117 pays qui, en septembre, ont participé à la conférence sur la mise en oeuvre du traité d'interdiction des essais nucléaires (CTBT), n'ont pu que constater que, neuf ans après son adoption, le traité n'est toujours pas entré en vigueur, de nombreux pays refusant de le ratifier.
