Arrestation Le prince Victor-Emmanuel de Savoie a été arrêtéEn autorisant le retour d'exil des héritiers mâles de la famille de Savoie en 2002, les parlementaires italiens n'imaginaient pas que ce serait pour contribuer au surpeuplement des prisons de la Péninsule. Le prince Victor-Emmanuel a été arrêté, vendredi 16 juin près du lac de Côme, dans le cadre d'une affaire de corruption et de proxénétisme.Accusé par le parquet de Potenza, dans le sud du pays, d'"association de malfaiteurs aux fins de corruption, de faux, et d'exploitation de la prostitution", le fils du dernier roi d'Italie a été interpellé au cours d'une opération de police visant 24 personnes sur tout le territoire.Treize ont été incarcérées ou assignées à résidence, dont le porte-parole de Gianfranco Fini, numéro deux du gouvernement Berlusconi jusqu'aux élections d'avril.Victor-Emmanuel de Savoie, 69 ans, serait impliqué dans un réseau qui délivrait des autorisations pour l'installation de machines à sous et recrutait des jeunes femmes pour les clients du casino de Campione d'Italia, à la frontière suisse, en bordure du lac de Lugano, dont le maire a également été arrêté. Les juges soupçonnent des liens avec des groupes mafieux siciliens."Je suis choqué, ils ont traité mon père comme un criminel", s'est insurgé Emmanuel Philibert, l'époux de l'actrice française Clotilde Couraud, insinuant que l'opération pourrait être "un coup de pub" de la part du procureur de Potenza. Ce dernier, Henry John Woodcock, est surnommé "le juge des VIP" depuis une enquête qui a mis en cause, il y a trois ans, 80 célébrités de la politique, du spectacle et du journalisme."Il s'agit d'une enquête délicate qui dure depuis deux ans", a commenté l'un des magistrats, précisant que les mandats d'arrêt avaient été motivés par "2 000 pages d'ordonnances". Selon la presse, l'arrestation du prince et de ses complices présumés aurait un lien avec le démantèlement, en mai, par ce même parquet de Potenza, d'un gang spécialisé dans l'escroquerie d'industriels.Fils unique d'Umberto II, qui régna quelques semaines en 1946 avant l'instauration de la République, Victor-Emmanuel a quitté l'Italie à 9 ans, chassé avec sa famille en rétorsion à la politique de collaboration de son grand-père, Victor-Emmanuel III, avec le régime fasciste. Personnage sulfureux, un temps soupçonné d'appartenir à la loge P2, mis en cause dans un trafic d'armes, l'héritier des Savoie a défrayé la chronique judiciaire en 1978 pour avoir blessé mortellement d'un coup de fusil un jeune Allemand au cours d'une altercation. Autorisé à revenir en Italie après cinquante-six ans d'exil, le prince Victor Emmanuel a continué à résider à Genève.
