Scandale Le prince héritier belge attaque violemment le Vlaams Blok Le prince Philippe, fils aîné du roi Albert II et futur roi des Belges, a oublié sa discrétion de grand timide et le silence que lui imposent, en principe, les règles de la monarchie constitutionnelle, selon lesquelles tout propos du roi et des membres de sa famille doit être avalisé par un ministre. En quelques jours, à l'occasion d'un voyage en Chine, le prince a confié que, selon lui, son pays, fortement régionalisé, devrait s'exprimer d'une seule voix à l'étranger et que lui-même se verrait bien accéder au trône prochainement. Le véritable incident est toutefois né lorsqu'un journaliste flamand du magazine populaire Story a suscité d'autres confidences."Certains hommes et certains partis sont contre la Belgique et veulent détruire le pays, a déclaré Philippe. Je peux vous assurer qu'ils auront affaire à moi (...). Quand cela est nécessaire, je peux être un dur. Je ne me laisse pas marcher dessus". Respectueux des usages, le journaliste a, affirme-t-il, interrogé deux fois le palais de Laeken pour savoir s'il pouvait publier ces mâles affirmations. Il aurait reçu l'aval de l'entourage du futur roi, qui l'aurait même "encouragé" à le faire. Sous-entendu : Philippe entend prendre la tête des opposants au Vlaams Blok, le parti qui, même s'il vient de se débaptiser pour s'appeler Vlaams Belang (Intérêt flamand), n'a pas renoncé à l'un de ses mots d'ordre : "België barst !" ("Que la Belgique crève !"). Favorable à l'instauration d'une république flamande et à la scission du pays, la formation d'extrême droite prône l'abolition de la monarchie des Saxe-Cobourg.Ennuyé, le premier ministre, Guy Verhofstadt, a évoqué un "moment émotionnel" et a indiqué que, selon lui, l'attitude du prince ne correspondait pas à son "rôle constitutionnel actuel, et surtout futur". Les autres responsables flamands ont condamné bien plus violemment ses propos. Les nationalistes démocrates les jugent "inadmissibles". Le Parti libéral-démocrate flamand (VLD) du premier ministre les estime "hautement irraisonnés".Opposant virulent au Vlaams Belang, le quotidien De Morgen a estimé, mercredi 1er décembre, dans un éditorial intitulé "Il ne peut pas", que non seulement la famille royale n'a pas à s'exprimer sur les partis mais que le prince ne peut pas gouverner le pays. Le journal pose la question des compétences du prince et conclut, à propos de son désir de régner bientôt : "Cela ne fait pas de doute, car l'ambition n'est pas nécessairement liée à l'intelligence."Si le fils d'Albert II a déchaîné la colère en Flandre, l'opinion francophone, elle, lui semble acquise. Les grands quotidiens traitent l'affaire avec modération, et les responsables du Parti socialiste, première formation de Wallonie et de Bruxelles, ont indiqué qu'ils partageaient son point de vue sur les extrémistes flamands. "De quoi, finalement, renforcer ces derniers", estime un commentateur flamand "viscéralement opposé au Vlaams Belang".
