Annonce Le président nicaraguayen propose de convoquer une élection présidentielle anticipée Le président nicaraguayen, Enrique Bolaños, a offert, lundi, à la surprise générale, une sortie à la crise politico-institutionnelle que traverse le pays, en proposant de convoquer une élection présidentielle anticipée, comme le réclamait l'opposition. Le scrutin national (présidentielle et législatives) est prévu pour fin 2006. Si des élections anticipées "s'avèrent être nécessaires et bénéfiques pour le pays, je suis disposé à ce que les élus de 2001 abandonnent leur mandat de manière anticipée et qu'on avance la date des élections nationales", a déclaré M. Bolaños lors d'une allocution télévisée, entouré de membres de son gouvernement. Il propose en outre de convoquer une Assemblée constituante pour "rédiger une nouvelle Constitution qui donnerait naissance à de nouvelles institutions". LA FIN DE LA CRISE POLITIQUE DEVIENT ENVISAGEABLE Cette décision pourrait mettre un terme à la guerre politique déclenchée par deux anciens présidents longtemps ennemis : Daniel Ortega (1979-1990), du Front sandiniste de libération nationale (FSLN, gauche), et Arnoldo Aleman (1997-2002), du Parti libéral constitutionnaliste (PLC, droite), emprisonné pour détournement de fonds. Les deux partis ont uni leurs forces au Congrès, où ils sont majoritaires, et essaient de saboter le pouvoir de M. Bolaños. Enrique Bolaños, 77 ans, a été porté au pouvoir par le PLC puis a provoqué une scission au sein de ce parti, perdant la majorité au Congrès. Il est considérablement affaibli aujourd'hui. Le chef de l'Etat a souligné que le pays avait besoin d'une trêve."Nous verrons cette semaine si [les députés de l'opposition] acceptent notre volonté de dialogue pour rendre sa tranquillité au pays ; le peuple et l'OEA (Organisation des Etats américains) nous le demandent", a-t-il insisté. MÉDIATION DE L'OEA La décision de M. Bolaños intervient au lendemain du départ du secrétaire général de l'OEA, José Miguel Insulza. De mercredi à dimanche, le secrétaire général de l'organisation a tenté d'instaurer un dialogue entre le gouvernement d'un côté, l'alliance de circonstance entre les sandinistes et les libéraux de l'autre, qui n'ont même pas réussi, selon lui, à s'entendre sur un lieu où se rencontrer. D'après M. Bolaños, M. Insulza n'était pas favorable à un scrutin anticipé. Le PLC et les sandinistes étaient opposés à la médiation de l'OEA, obtenue par Enrique Bolaños. Avant de lâcher du lest, le président Bolaños proposait un référendum sur la réforme constitutionnelle votée par le Congrès, qui réduit les pouvoirs du président."La manière dont se terminent les crises dans notre région laisse des traces, et ce n'est pas bon pour notre démocratie. (...) Six ou sept présidents qui n'ont pas pu aller au terme de leur mandat depuis 2000, c'est lamentable", avait regretté José Miguel Insulza. La crise politique s'était envenimée en avril avec de violentes manifestations contre la hausse des prix des carburants et des transports publics, qui ont placé le gouvernement dans une position délicate. Jeudi dernier, 130 000 personnes de droite et de gauche, excédées par les manœuvres des deux grands partis d'opposition qui ont rendu le pays ingouvernable, avaient protesté dans le centre de Managua.